45 Les économies de densité dans les services d’aide à domicile aux personnes âgées : une analyse économétrique
Bernard Bensaid(*) Solen Croiset(**) Robert Gary-Bobo(**)
(*) Groupe Avec, 1 bis, avenue du Château, 94300 Vincennes, France ; E-mail : bernard. bensaid@ avec. fr (**) Université Paris-I Panthéon-Sorbonne, Centre d’économie de la Sorbonne ; E-mail : solen. croiset@ etu. univ-paris1. fr E-mail : garybobo@ univ-paris1. fr Les auteurs remercient les collaborateurs du réseau Avec qui ont aidé à la collecte des données nécessaires à l’étude présentée ici. Cet article n’engage que ses auteurs et non les institutions auxquelles ils appartiennent. Il n’engage a fortiori ni la Direction générale du Trésor, ni le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance.
Économie et Prévision n° 218 2021/ 1 Nous nous intéressons aux rendements d’échelle dans le secteur de l’aide à domicile aux personnes âgées dépendantes, et plus particulièrement aux économies de densité. Ces services d’aide ont une technologie simple. Des employées se déplacent pour rendre visite à des personnes âgées, à des horaires prédéterminés, pour accomplir diverses tâches d’assistance. Les kilomètres parcourus entre les patients sont remboursés aux employés et le temps passé en transport est compté comme du temps de travail. Au niveau de chaque secteur d’un service d’aide, il existe des synergies de groupe : lorsque l’horaire mensuel moyen d’un groupe d’employés s’accroît, le secteur où opèrent ces employés consomme moins de kilomètres par heure de prestation à domicile. Les accroissements d’effectifs et d’horaires sont toujours le résultat d’une hausse de la part de marché du service et donc de la densité de clientèle sur le territoire servi. Nous montrons que le nombre de kilomètres parcourus par heure de prestation à domicile décroît avec la densité de la clientèle sur le territoire desservi par un service d’aide. Le coût de transport par unité produite, comme fonction de l’horaire moyen des employés d’un secteur donné, a typiquement la forme d’une courbe en U et possède donc une partie décroissante. Ces effets s’épuisent pour des niveaux élevés des heures de service (d’où la courbe en U). Nos résultats sont établis en nous appuyant sur des données uniques décrivant de manière détaillée l’activité du personnel d’un réseau national associatif de services d’aide et d’accompagnement à domicile. Les résultats sont obtenus avec des techniques de régression classiques, exploitant la structure de panel des données, et s’appuient sur la variabilité de l’activité dans le temps et entre les secteurs. Nous estimons qu’environ 200 millions de kilomètres sont gaspillés par an et qu’on pourrait économiser environ 45 000 tonnes de CO 2 en exploitant ces économies d’échelle. De plus, le secteur de l’aide à domicile étant très subventionné, la puissance publique a clairement intérêt à y contenir les coûts de production. Pour exploiter les économies de densité, il faut réduire la fragmentation du marché de l’aide à domicile : une manière d’obtenir ce résultat serait de remplacer la concurrence sur le marché
par une concurrence pour le marché. Le territoire pourrait alors être découpé en circonscriptions (subdivisant les départements) qui pourraient être attribuées, pour un temps
