Les tableaux d'opérations financières et la politique économique
Serge Barthélémy
Trésorier-payeur général du Val d'Oise,
Ancien chef de service
à la Direction de la Prévision
La suite d'articles qui compose ce numéro n'a pas pour objet de décrire un sous-ensemble de la comptabilité économique nationale. Pour cela, il existe des ouvrages de méthode complétés par une série de publications de l'Inséé (collections de l'Inséé - Série C). Ce qui est tenté ici, c'est de montrer le tableau des opérations financières dans ses applications, c'est-à-dire de faire apparaître ce qu'un tel instrument a pu apporter à la compréhension, à la prévision, voire à l'orientation des phénomènes monétaires, financiers et économiques.
La question est certainement d'actualité puisque les banques centrales en ont fait un des deux thèmes de réflexion de leur séminaire international qui s'est tenu à Paris en avril 1977, l'autre thème concernant les moyens de la politique monétaire. Le Bulletin trimestriel de la Banque de France reprend certains éléments du séminaire dans ses numéros 24 de septembre 1977 et 25 de décembre 1977. L'ensemble des communications ainsi que les synthèses des débats seront repris dans deux prochains numéros des « Cahiers économiques et monétaires » (6 et 7/1978 du Service de l'Information de la Banque de France). Il est intéressant de constater que les interrogations que nous connaissons en France se retrouvent ailleurs. Dans de très nombreux pays des tableaux décrivant les circuits financiers sont élaborés dans le cadre d'un système de comptabilité nationale et ces tableaux servent à des constructions prévisionnelles (à court ou moyen terme) qui sont soumises à l'attention des autorités responsables de la politique monétaire et financière. Mais, le plus souvent, un doute subsiste quant à l'influence réelle de ces travaux sur la décision. Tout se passe comme si, produits d'une certaine nécessité logique, ils embarrassaient par leur rigidité synthétique et leur exigence. Tour à tour, leur ésotérisme ou leur prétendue trivialité paraissent aussi les desservir. Le premier de ces caractères n'apparaît certes pas aux praticiens, -élaborateurs ou manipulateurs de « Tof »- profondément persuadés de la simplicité de leur « esperanto comptable » ; quoi de plus naturel en effet, que d'appliquer à toutes les parties de la vie économique les mêmes règles de langage. Un humoriste pourrait leur rappeler qu'un esperanto, aussi simple soit-il, pour être compris, demande à être appris et qu'ils ignorent, au demeurant, à quels prestiges, à quels mystères, et en tous