Une méthode d'analyse interne des modèles macro-économétriques multinationaux :

présentation et application au modèle de R.C. Fair

L 'interdépendance des économies apparaît de plus en plus comme une donnée fondamentale pour tous les pays du monde confrontés à une crise dont l'issue défend notamment des perspectives d'exportation qui conditionnent la croissance. Pour la Direction de la prévision, chargée de l'élaboration des budgets économiques français et de la préparation des décisions de politique, cette dimension internationale est une préoccupation constante dont l'importance n'a cessé de grandir. La construction du modèle Atlas (voir Economie et prévision, numéros 62, 64) qui regroupe les formalisations intérieures détaillées des économies des principaux pays et un système ambitieux représentant les flux commerciaux entre ces nations et les zones moins importantes, a répondu au besoin d'uç instrument quantitatif sur lequel il est possible d'asseoir les analyses et prévisions concernant l'environnement extérieur de la France.

Le présent article a une finalité toute différente : au lieu de construire, améliorer ou utiliser un modèle multinational de grande dimension, il propose de décomposer les effets des mesures de politique économique que détermine un modèle en éléments simples, clairs au sens économique. Laffargue a choisi pour sa démonstration un modèle construit par R.C. Fair, d'une structure similaire à celle d'Atlas mais d'une taille moindre. Il supprime d'abord les hétérogénéités structurelles des diverses nations, à l'exception des différences de taille, et montre qu'alors les effets d'une variante de politique économique peuvent être répartis entre deux composantes indépendantes, mondiale et d'écart, faciles à analyser et à interpréter économiquement. Ensuite, en réintroduisant progressivement les spécificités structurelles des Etats et des régions, il examine par simulation comment les multiplicateurs sont modifiés et il propose des interprétations économiques de ces changements.

Le choix, comme point de départ de l'analyse, d'une structure homogène de l'économie mondiale est important. Dans la mesure où les différences de spécifications et de valeurs numériques des paramètres entre les différents pays, qui apparaissent dans les modèles multinationaux, ont souvent une base empirique fragile, il apparaît sage d'en mesurer les implications afin de ne conserver ces écarts que quand celles-ci apparaissent importantes et raisonnables. Ainsi se trouve suggérée une nouvelle stratégie de construction des modèles multinationaux : au lieu de poser a priori l'hétérogénéité de l'économie mondiale en spécifiant et estimant indépendamment les différents modèles de pays, on admettrait au départ son homogénéité. Des différences de structure ou de valeurs numériques de paramètres entre nations ne seraient alors introduites que quand elles reposeraient sur une base économétrique convaincante et si elles ont des implications importantes pour les propriétés des variantes du modèle.

La Rédaction

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