REVUE FRANÇAISE DE PEDAGOGIE
N° 6 1 oct -nov -dec 1982.29-44
LA VULGARISATION DANS LES MUSÉES SCIENTIFIQUES. Résultats d'une enquête au Palais de la Découverte
par J. BOISSAN et G. HITIER
Après un inventaire complet des moyens didactiques vulgarisateurs mis en œuvre dans les salles de physique du Palais de la Découverte (panneaux muraux, expériences, exposés}, leur pertinence et leur adéquation au but visé sont étudiées. Pour cela une enquête a e'é menée en deux temps distincts : observation du comportement du public puis entretiens structurés sur une trame donnée en annexe.
Il en ressort que les panneaux muraux, inévitables dans toute exposition, sont très peu lus et en tout cas exceptionnellement dans leur intégralité.
Les expériences sont très bien accueillies quelle que soit leur facture (95 % des visiteurs en ont fait au cours de leur visite}, avec une certaine préférence pour celles qui demandent une participation active.
Les exposés, qui représentent une caractéristique particulière du Palais, réalisés par des animateurs scientifiques apparaissent enfin comme un moyen didactique puissant (66 % des visiteurs en ont suivi au moins un}.
L'utilisation conjointe de ces 3 moyens principaux permet de répondre aux attentes très diverses du public.
I. - Introduction
Les progrès de la science et de la technique sont continuels. Tout en améliorant les conditions de vie de l'individu, ils tendent à accentuer sa dépendance matérielle et même psychologique envers la science des spécialistes. Les connaissances scientifiques et techniques, génératrices de cette amélioration, apparaissent de plus en plus compliquées et lointaines au non-initié. Un amateur même éclairé ne pourra assimiler, s'il s'en donne la peine, que quelques idées sur un petit nombre de sujets. Malgré tout, on peut espérer que, disposant d'éléments lui permettant d'acquérir un esprit critique et une méthode de raisonnement, il sera susceptible de dominer son ignorance et de se dégager d'une dépendance excessive à l'égard des spécialistes.
C'est un objectif très ambitieux sans doute, qu'il convient d'assigner à la fois à l'enseignement et à la vulgarisation scientifique.
Cette dernière, qui a essentiellement pour but d'assurer l'accession du grand public à la connaissance en mettant à sa portée quelques notions scientifiques, correspond à un domaine de diffusion de l'information extrêmement vaste et diversifié.
Nous n'aurons pas l'outrecuidance de vouloir l'étudier en quelques pages. Son importance, sa difficulté, son mode d'action (transfert de connaissances ou familiarisation), voire même sa définition, ont été souvent soulignés (1), (et récemment encore ont fait l'objet de débats aux 3" Journées de l'éducation scientifique à Chamonix, en février 1981).
Parmi tous les modes de cette vulgarisation, nous nous intéressons seulement ici à ceux mis en œuvre dans les musées des sciences et techniques, et de façon plus restrictive même à ceux concernant la Physique.
Au cours des vingt dernières années, de nombreux pays ont créé ou développé des établissements scientifiques de type musée, mais qui s'en distinguent non seulement par la nature des collections exposées mais aussi par une participation parfois plus active des visiteurs. La présentation des connaissances scientifiques ne s'y effectue pas comme dans l'enseignement : ni le discours, ni l'approche du contenu ne peuvent y être les mêmes, la démarche du public étant essentiellement différente de celle de l'enseigné.
Parmi les réalisations étrangères, citons, de façon non exhaustive, les musées de Boston, Chicago, Washington, Toronto, Munich, Londres et Eindhoven.
En France, et plus particulièrement à Paris, nous trouvons des musées scientifiques présentant des collections, tel le Musée des Techniques au Conservatoire National des Arts et Métiers, où le mode d'exposition met l'accent sur l'histoire des sciences et des techniques.
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