La loi sur l'immigration dans l'Arizona continue de déchirer les Etats-Unis
POLITIQUE•Washington veut bloquer le texte controversé. Contre l'opinion publique...Philippe Berry
De notre correspondant à Los Angeles
Le bras de fer se poursuit. D'un côté, les partisans de la réforme controversée de l'immigration en Arizona, soutenue par la majorité des Américains. De l'autre, Barack Obama et le département de la Justice, qui tentent d'y faire obstacle. Les premiers agitent le spectre de la guerre contre les narcotrafiquants. Les seconds disent agir au nom de la défense de la constitution. Dur de s'y retrouver pour les électeurs.
>> Pour comprendre le débat, lire notre questions/réponses
Vendredi, un nouveau sondage est tombé: 50% des Américains condamnent le recours du département de la Justice tandis que 33% y sont favorables. L'Attorney General, Eric Holder, tente subtilement de déplacer le débat. Selon lui, le recours de son ministère n'a rien à voir avec ce que les opposants au texte dénoncent comme du «profilage racial» (la loi élargit les critères pour pratiquer des contrôles d'identité). Pour lui, il s'agit d'un recours technique, car «la constitution et la loi fédérale (niveau national, ndr) sur l'immigration n'autorisent pas le développement d'un patchwork de politiques locales (au niveau de chaque Etat, ndr).»
Les républicains jouent la carte de la peur
En face, les républicains –et quelques démocrates de l'Arizona– reviennent à la vieille tactique de George Bush période guerre en Irak. Le gouverneur de l'Etat, Jan Brewer, enchaîne les déclarations fracassantes, sur le refrain «la guerre de la drogue est à votre porte». Selon elle, la découverte récente de quatre corps sans tête est le signe que «les violences sont en hausse» et que «l'administration Obama déserte la frontière».
John McCain, sénateur de l'Etat, a, lui, affirmé que Phoenix est devenue la 2e ville dans le monde pour le nombre d'enlèvements, juste derrière Mexico City. Des affirmations démontées vendredi par le Washington Post. Selon un rapport du FBI, les violences en Arizona sont stables depuis 10 ans.
De son côté, Barack Obama a appelé cette semaine au lancement rapide du grand chantier d'une réforme nationale de l'immigration. Les débats promettent d'être explosifs, surtout si les républicains regagnent des sièges lors des élections de novembre.