Irak: L’Iran va-t-il intervenir contre l’offensive djihadiste?
MONDE•Téhéran s’est dit hostile à toute intervention étrangère, mais pourrait collaborer avec les Etats-Unis…Audrey Chauvet
Unis contre le djihadisme: alors que les insurgés de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) continuent leur progression en Irak, l’Iran pourrait ne pas rester passif face à cette offensive. Afin de s’assurer le maintien d’un régime ami à Bagdad, Téhéran pourrait «travailler avec les Américains pour mettre fin à l’insurrection au Proche-Orient», a déclaré un officiel iranien.
S’il semble évident que l’Iran ne prendra pas le risque de laisser s’installer à Bagdad un régime anti-chiite, la stratégie de Téhéran reste floue. Ce dimanche, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien a affirmé que l’Iran était hostile à «toute intervention militaire étrangère en Irak», estimant qu’elle compliquerait encore la situation. Mais la veille, le président Hassan Rohani n’excluait pas une coopération avec les Etats-Unis, qui ont déployé un porte-avions dans le Golfe afin de «disposer de plus de flexibilité si une opération militaire américaine devait être déclenchée pour protéger des vies américaines, des citoyens ou nos intérêts en Irak», selon le Pentagone.
«Une différence entre aider et intervenir»
L’Iran a déjà déployé à Bagdad des troupes d’élite et des spécialistes du renseignement, mais n’enverra certainement pas de soldats, préférant une solution diplomatique à la crise irakienne. Officiellement, Téhéran fait confiance à l’Irak, qui «a la capacité et la préparation nécessaire pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme» pour «neutraliser ce complot», a déclaré le ministère des Affaires étrangères iranien. Mais en sous-main, «Il est possible que nous ayons donné des conseils pour combattre le terrorisme», a déclaré le président Rohani, soulignant qu’il y avait «une différence entre aider et intervenir».
En l’espace de trois jours, les jihadistes de l’EIIL mènent une vaste offensive en Irak qui s’est traduite par la prise de la deuxième ville d’Irak, Mossoul, sa province Ninive, Tikrit et d’autres régions de la province de Salaheddine, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala et de Kirkouk. Ce dimanche, les forces de sécurité irakiennes ont déclaré avoir tué 279 «terroristes» durant les dernières 24h, annonçant ainsi avoir «repris l’initiative» face aux insurgés.