À cause de son sens, on range traditionnellement le pronom on dans la classe des pronoms indéfinis. Cependant, du point de vue fonctionnel, on se comporte comme je, tu, il : c’est une forme clitique (p. 220 §1a). Il n’a pas de forme disjointe propre (pour y suppléer, on utilise nous, voir ci-dessous §4 et p. 301 §13). Il ne se comporte donc pas exactement comme un vrai pronom indéfini qui peut occuper toutes les fonctions du GN. Cependant, par ses affinités de sens avec notamment quelqu’un, il se range sémantiquement dans la catégorie des indéfinis.
Fondamentalement, on est un « nous expansé » : il englobe le locuteur et toutes personnes susceptibles d’occuper sa place (je, tu, nous, vous, ils etc., et les autres).
a. On désigne ainsi « les gens » collectivement. Dans ce cas, il correspond souvent en finnois à un verbe à la 3e personne sans sujet exprimé :
On ne doit pas dire du mal de gens qu’on ne connait pas. Ei saa puhua pahaa ihmisistä, joita ei tunne.
On ne peut pas comprendre facilement cette musique. Tätä musiikkia ei ole helppo ymmärtää.
On dirait. Siltä näyttää. / Näköjään.
On ne sait jamais ! Ei sitä koskaan tiedä!
b. On peut aussi désigner une personne indéfinie prise isolément dans cet ensemble collectif (un individu représentant du nous expansé) et correspond alors au finnois joku ou au passiivi (voir cependant remarque p. 337 §1) :
On sonne. Ovikello soi (”joku soittaa ovikelloa”).
On a frappé. Joku koputti ovelle.
Cette nuit, on a volé un tableau de Picasso. Viime yönä joku varasti Picasson maalauksen. / Viime yönä varastettiin Picasson maalaus.
Tous les ans, on organise une fête à l’école.
c. On peut s’utiliser ironiquement ou affectueusement comme pronom de 2e personne déguisé (usage similaire en finnois, avec le passiivi ou un verbe à la 3e personne sans pronom sujet exprimé) :
Alors, on dort encore ? Vieläkö sitä nukutaan täällä? (= vieläkö te nukutte?)
Eh bien, on a faim, on dirait ? Sitä ollaan näköjään nälkäinen?
Alors les filles, on est contentes ? No tytöt, miltäs nyt tuntuu [oletteko tyytyväisiä]?
Dans la langue parlée, à la place de la première personne du pluriel (nous chantons, nous disons), on utilise quasi systématiquement le pronom on et un verbe à la 3e personne (on chante, on dit). Il y a sur ce point une correspondance remarquable entre le finnois et le français, puisque dans la langue parlée le finnois utilise lui aussi l’équivalent de on (le passiivi) à la place de la 1e personne du pluriel :
On y va !
Quand on est rentrés, on était tous épuisés. [sur l’accord de l’adjectif, voir p. 337 §2]
On vous amène jusqu’à la gare, mais on aura pas le temps de vous accompagner jusque sur le quai.
Alors, on se le boit, cet apéro ? [se datif éthique, voir p.
270 §2]
Selon les cas, le pronom on peut donc renvoyer à deux référents différents (singulier ou pluriel). La forme des marqueurs anaphoriques qui s’y rapportent varie selon le sens (voir aussi la forme du déterminant possessif, p. 104 §3) ; c’est le cas en finnois également :
On était pressés de partir, et évidemment on a oublié la moitié de nos affaires. [référent pluriel]
Quand on est pressé de partir, on risque facilement d’oublier une partie de ses affaires. [référent indéfini, singulier]
On a enfin le temps de respirer depuis qu’on est à notre compte. [référent pluriel]
On a toujours besoin d’un plus petit que soi. [référent indéfini, singulier]
On était partis avec des amis qui étaient nettement plus jeunes que nous. [référent pluriel]
Quand on a une valeur impersonnelle (les gens, quelqu’un), il n’a pas de forme disjointe ni de forme complément. Après préposition, on ne peut utiliser que des pronoms indéfinis comme quelqu’un, chacun, tout le monde (on ne peut pas dire *à on, *avec on, *pour on etc.) :
Il sait parler aux gens.
Elle est en grande discussion avec quelqu’un.
Quand on est la variante de nous dans la langue parlée, la forme disjointe et la forme complément d’objet de on sont nous :
Nous, on veut pas partir !
On leur a dit que c’était faux, mais ils n’ont pas voulu nous croire.
On le fera nous-mêmes. Me tehdään se itse.
Excuse-nous d’arriver en retard, on a été pris dans un embouteillage.
On veut que tu le donnes à nous. Me halutaan, että annat sen meille.
On a fait ça pour nous d’abord.