lynx   »   [go: up one dir, main page]

Pluton : Ă©volution de notre SystĂšme Solaire

Découverte de Pluton 

Il y a presque 80 ans, aux États-Unis, un astronome de l’Observatoire de Lowell faisait une dĂ©couverte qui allait signer le dĂ©but d’un changement considĂ©rable de notre vision du SystĂšme Solaire. Du nom de Clyde Tombaugh, ce jeune astronome Ă©tait un assistant qui travaillait au trĂšs cĂ©lĂšbre observatoire portant le nom du grand astronome Percival Lowell. Son travail consistait Ă  rechercher l’existence d'une hypothĂ©tique planĂšte (PlanĂšte X) que Lowell pensait, Ă  tort, responsable des perturbations de l’orbite d’Uranus et de Neptune.

Au bout d'un an, aprĂšs avoir passĂ© de nombreuses nuits au tĂ©lescope, Ă  y exposer des plaques photographiques, et Ă  les analyser pour y trouver le signe d'un corps cĂ©leste, Clyde Tombaugh dĂ©couvrit enfin ce qu’il cherchait. Le 18 fĂ©vrier 1930, vers 16 heures, le jeune astronome comparait deux plaques photographiques prises en janvier de la mĂȘme annĂ©e, reprĂ©sentant une partie de la constellation des GĂ©meaux. Alors qu’il analysait les deux plaques, Ă  la recherche d’une diffĂ©rence, mĂȘme minime, il remarqua quelque chose (le fameux signe de la planĂšte qu’il cherchait). Sur une partie de l’image, un petit objet glissait de quelques millimĂštres en passant d'une plaque Ă  l'autre. Clyde avait trouvĂ© sa nouvelle planĂšte ! (Stern & Mitton, 2005) 

Evolution du SystÚme Solaire 

L'objet cĂ©leste que Clyde Tombaugh avait dĂ©couvert fut appelĂ© Pluton, un nom officiellement adoptĂ© par l’Union AmĂ©ricaine d’Astronomie (AAS), la Royal Astronomical Society du Royaume-Uni et l’Union Astronomique Internationale (UAI). Pluton est une petite planĂšte glacĂ©e, situĂ©e Ă  des millions de kilomĂštres de la Terre, et 30 fois moins massive que la plus petite des planĂštes connues Ă  cette Ă©poque, Mercure. Mais Pluton n’était pas seule : cinq satellites gravitant autour d’elle ont aussi Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s. Le plus grand, Charon, fut dĂ©couvert en 1978. Les quatre autres ont Ă©tĂ© identifiĂ©s par le tĂ©lescope spatial Hubble, en 2005, 2011 et 2012. Leurs noms officiels, Nix, Hydre (voir plus), KerbĂ©ros et Styx (voir plus) ont Ă©tĂ© respectivement adoptĂ©s par l’Union Astronomique Internationale en 2006 et 2013.

Le 30 aoĂ»t 1992, grĂące Ă  David Jewitt et Jane Luu de l’UniversitĂ© d’HawaĂŻ, notre vision du SystĂšme Solaire a commencĂ© Ă  changer, avec la dĂ©couverte du premier de plus de 1000 objets cĂ©lestes en orbite au-delĂ  de Neptune, une zone appelĂ©e rĂ©gion transneptunienne. De façon gĂ©nĂ©rale, ces objets sont qualifiĂ©s d’objets transneptuniens (OTN).

Par leur grand nombre, il paraissait inĂ©vitable d’en dĂ©couvrir un ou plusieurs autres qui pourraient rivaliser avec la taille de Pluton. Dans la nuit du 21 octobre 2003, Mike Brown (Caltech), Chad Trujillo (Observatoire Gemini) et David Rabinowitz (UniversitĂ© de Yale) observaient les limites du SystĂšme Solaire grĂące Ă  un tĂ©lescope et Ă  une camĂ©ra de l’Observatoire de Palomar. Cette nuit-lĂ , ils ont enregistrĂ© des images qui montraient un objet qui bougeait parmi le ciel Ă©toilĂ©. Les analyses de ces images ont indiquĂ© qu’ils avaient dĂ©couvert un nouvel objet, glacĂ© lui aussi, d’environ 2 500 kilomĂštres de diamĂštre et en orbite autour du Soleil. Les observations qui suivirent ont rĂ©vĂ©lĂ© que ce nouvel objet cĂ©leste, initialement appelĂ© 2003 UB313 d’aprĂšs le protocole de dĂ©nomination de l’UAI, Ă©tait plus massif que Pluton et possĂ©dait aussi un satellite (voir plus). Avec l’existence d’un objet plus massif et plus grand que Pluton au-delĂ  de Neptune et la dĂ©couverte de nombreux autres objets transneptuniens, les astronomes ont alors commencĂ© Ă  se demander ce qu’était vĂ©ritablement une planĂšte. 

DĂ©finition d’une planĂšte et nouvelle catĂ©gorie d’objets cĂ©lestes 

Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1900, l’UAI a Ă©tĂ© en charge de la dĂ©nomination et de la nomenclature des planĂštes et de leurs satellites. Comme l’explique le professeur Ron Ekers, ancien prĂ©sident de l’UAI :

« De telles dĂ©cisions et recommandations ne sont pas applicables par des lois nationales ou internationales. Elles servent plutĂŽt Ă  dĂ©terminer les conventions qui sont supposĂ©es nous aider Ă  comprendre les objets et les phĂ©nomĂšnes astronomiques. Ainsi, les recommandations de l’UAI doivent reposer sur des faits scientifiques prĂ©cis et obtenir un large consensus de la communautĂ© concernĂ©e ». (Lire l'article complet Ă  la page 16 du journal de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale de l’UAI)

L’UAI a alors dĂ©cidĂ© de fonder un comitĂ©, afin de pouvoir recueillir les opinions d'un grand nombre d’astronomes professionnels, de planĂ©tologues, d’historiens, de professeurs, mais aussi d'auteurs et d’éditeurs spĂ©cialisĂ©s en sciences. Par consĂ©quent, le ComitĂ© de DĂ©finition des PlanĂštes, une branche du ComitĂ© ExĂ©cutif de l’UAI, a Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour Ă©tablir une premiĂšre version de la dĂ©finition Ă  proposer aux membres de l’UAI. AprĂšs la rĂ©union finale, Ă  Paris, cette premiĂšre version fut finalisĂ©e. Le professeur Owen Gingerich, prĂ©sident du ComitĂ© de DĂ©finition d'une PlanĂšte de l’UAI, nous a expliquĂ© l’enjeu majeur de cette dĂ©marche : « D'un point de vue scientifique, nous voulions Ă©viter les dĂ©cisions arbitraires uniquement basĂ©es sur la distance, le temps, la magnitude ou les objets environnants ». (Plus d'informations dans le journal de l'AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale de l’UAI, Ă  partir de la page 16 du PDF)

Décision finale 

La premiĂšre proposition de dĂ©finition d'une planĂšte a Ă©tĂ© longuement dĂ©battue par les astronomes lors de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale de l’UAI Ă  Prague, en 2006. De ce fait, la nouvelle version a lentement vu le jour. Pour la majoritĂ© des participants, cette version actualisĂ©e Ă©tait plus adaptĂ©e, et elle a donc Ă©tĂ© soumise Ă  un vote par les membres de l’UAI, lors de la cĂ©rĂ©monie de clĂŽture du 24 aoĂ»t 2006. A la fin de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale, les membres ont ainsi votĂ© que la RĂ©solution B5 sur la dĂ©finition d'une planĂšte du SystĂšme Solaire serait comme suit :

Un corps céleste (a) qui est en orbite autour du Soleil, (b) possÚde une masse suffisante pour que sa gravité l'emporte sur les forces de cohésion du corps solide et le maintienne en équilibre hydrostatique, sous une forme presque sphérique et (c) a éliminé tout corps susceptible de se déplacer au voisinage de son orbite.

(Voir plus).

PlanÚtes naines et plutoïdes : le SystÚme Solaire aujourd'hui 

La RĂ©solution de l’UAI signifie donc que le SystĂšme Solaire est officiellement constituĂ© de huit planĂštes : Mercure, VĂ©nus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Il a alors Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de crĂ©er une nouvelle classe d’objets cĂ©lestes, les planĂštes naines, et il a Ă©tĂ© conclu qu’elles seraient une catĂ©gorie d’objets bien distincte des planĂštes. Ainsi, les premiers objets considĂ©rĂ©s comme des planĂštes naines sont CĂ©rĂšs, Pluton et Éris, anciennement appelĂ©es 2003 UB313. Le nom Éris a Ă©tĂ© donnĂ© suite Ă  l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale de 2006 (voir plus), d'aprĂšs le dieu grec de la discorde et du conflit. C’est Mike Brown, l’astronome qui l’a dĂ©couvert, qui a choisi ce nom, puisqu’il lui a semblĂ© adaptĂ© Ă  l‘agitation qui a suivi sa dĂ©couverte.

De plus, Pluton a aussi Ă©tĂ© reconnue comme un exemple majeur d'une nouvelle classe d'objets transneptuniens, et l’UAI a alors trouvĂ© une nouvelle dĂ©nomination pour ce type d’objets : les plutoĂŻdes.

De nos jours, cette RĂ©solution est toujours en vigueur. Elle est un testament de la continuitĂ© de la science, mais aussi de notre vision de l’Univers qui ne cesse d’évoluer grĂące aux observations, aux mesures et Ă  la thĂ©orie. 

Observations récentes 

Le 14 juillet 2015, la sonde spatiale New Horizons de la NASA est passĂ©e prĂšs de Pluton, ce qui a permis de rĂ©cupĂ©rer de nombreuses images et spectroscopies, ainsi que des donnĂ©es qui ont considĂ©rablement changĂ© ce que nous connaissions de Pluton et de son systĂšme de cinq lunes. Les images ont montrĂ© que Pluton est plus grande qu’Éris, mais aussi le plus grand objet de la ceinture de Kuiper. De plus, ces photographies ont Ă©galement rĂ©vĂ©lĂ© un paysage remarquable, avec diffĂ©rents types de topographies, comme des plaines, des chaĂźnes de montagnes de plusieurs kilomĂštres d’altitude et des preuves de volcanisme.

La surface de Pluton est inhabituelle Ă  cause de sa diversitĂ© en termes de composition et de couleurs. Certaines rĂ©gions sont aussi lumineuses que la neige, tandis que d'autres sont aussi noires que le charbon. Les images et la spectroscopie de sa surface de glace ont aussi rĂ©vĂ©lĂ© une composition complexe des glaces de surface : azote, monoxyde de carbone, eau, mĂ©thane, ainsi que leurs dĂ©rivĂ©s chimiques produits par radiolyse. Aussi, les scientifiques ont remarquĂ© que certaines zones Ă©taient totalement dĂ©pourvues de cratĂšres, ce qui indique qu’elles ont changĂ© ou ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es dans un passĂ© proche. A l’inverse, d’autres zones sont trĂšs marquĂ©es par les cratĂšres et paraissent trĂšs anciennes. Pluton semble ĂȘtre entourĂ©e d’une atmosphĂšre froide, composĂ©e principalement d'azote, et contenant une couche de brouillard Ă©pais d’environ 150 kilomĂštres.

La grande lune de Pluton, Charon, possĂšde une tectonique impressionnante, ainsi que des signes d'une composition hĂ©tĂ©rogĂšne de sa croĂ»te. Toutefois, il n’y a aucun signe d'atmosphĂšre et son pĂŽle montre une surface sombre mystĂ©rieuse. Aucun satellite n’a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©, ni d'anneaux. Hydre et Nix, deux des autres satellites de Pluton, ont des surfaces plus lumineuses que les scientifiques avaient imaginĂ©.

Ces dĂ©couvertes ont soulevĂ© de nombreuses questions sur la maniĂšre dont une petite planĂšte glacĂ©e pouvait rester active, compte tenu de l’ñge du SystĂšme Solaire. Scientifiquement, elles prouvent que les planĂštes naines peuvent ĂȘtre des objets tout aussi intĂ©ressants que les planĂštes. Il est Ă©galement important de savoir que les trois objets majeurs de la ceinture de Kuiper qui ont Ă©tĂ© visitĂ©s par des sondes spatiales, Pluton, Charon et Triton, sont trĂšs diffĂ©rents les uns des autres, ce qui illustre la potentielle diversitĂ© que nous dĂ©couvrirons lors de l’exploration de leur domaine.

Références:

Stern, A., & Mitton, J., 2005, Pluto and Charon: Ice Worlds on the Ragged Edge of the Solar System, Wiley-VCH 1997


 

PlanÚtes, planÚtes naines et petits corps du SystÚme Solaire 

Foire aux Questions 

 

Q : Quelle est l’étymologie du mot ​planĂšte​ ?
R: PlanĂšte vient du mot grec pour « vagabond », ce qui signifie que les planĂštes Ă©taient Ă  l’origine considĂ©rĂ©es comme des objets qui bougeaient dans le ciel, contrairement aux Ă©toiles qui Ă©taient fixes.

Q : Pourquoi a-t-on besoin d’une nouvelle dĂ©finition du terme planĂšte ? 
R: La science moderne nous apporte bien plus d'informations sur les objets cĂ©lestes que nous en avions dans les temps anciens. Les planĂštes ne sont pas uniquement des objets qui bougent dans le ciel. Par exemple, nous avons rĂ©cemment dĂ©couvert des objets dans les rĂ©gions Ă©loignĂ©es du SystĂšme Solaire, et qui avaient une taille similaire ou supĂ©rieure Ă  Pluton. Historiquement, Pluton a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme la neuviĂšme planĂšte. Par consĂ©quent, avec ces dĂ©couvertes, la question a Ă©tĂ© de savoir si les objets transneptuniens rĂ©cemment dĂ©tectĂ©s devaient ĂȘtre reconnus comme des nouvelles planĂštes.

Q : Comment les astronomes ont-ils rĂ©ussi Ă  se mettre d'accord sur la nouvelle dĂ©finition d’une planĂšte ?
R : Pendant presque deux ans, les astronomes du monde entier, sous les auspices de l’Union Astronomique Internationale, ont dĂ©battu sur ce sujet. Le rĂ©sultat de ces discussions a Ă©tĂ© communiquĂ© lors d’un ComitĂ© de DĂ©finition d'une PlanĂšte, pour ensuite ĂȘtre proposĂ© Ă  l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale de l’UAI. Suite Ă  ces nombreux dĂ©bats et discussions, l’évolution de la dĂ©finition d'une planĂšte a finalement fait consensus et a Ă©tĂ© votĂ©e.

Q : Quels sont les nouveaux termes utilisĂ©s dans la nouvelle dĂ©finition officielle de l’UAI ?
R : Trois nouveaux termes ont Ă©tĂ© adoptĂ©s et possĂšdent une dĂ©finition officielle de l’UAI : planĂšte, planĂšte naine, et petit objet du SystĂšme Solaire.

Q : En clair, selon la nouvelle dĂ©finition, qu’est-ce qu’une planĂšte ?
R : Une planĂšte est un objet cĂ©leste en orbite autour du Soleil. Sa masse et sa taille doivent ĂȘtre suffisamment importantes pour que sa gravitĂ© l’emporte dans une forme (quasiment) sphĂ©rique. De plus, l’orbite d'une planĂšte doit suivre un chemin dĂ©gagĂ© autour du Soleil, car si un autre objet devait passer prĂšs de l’orbite d'une planĂšte, soit les deux entreraient en collision, et donc accrĂ©teraient, soit cet objet serait Ă©jectĂ© sur une autre orbite.

Q : Quelle est la dĂ©finition prĂ©cise d’une planĂšte selon l’UAI ?
R : Une planÚte est un corps céleste (a) qui est en orbite autour du Soleil, (b) possÚde une masse suffisante pour que sa gravité l'emporte sur les forces de cohésion du corps solide et le maintienne en équilibre hydrostatique, sous une forme presque sphérique et (c) a éliminé tout corps susceptible de se déplacer au voisinage de son orbite.

Q : Un corps cĂ©leste doit-il avoir une forme parfaitement sphĂ©rique pour ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une planĂšte ?
R : Pas nĂ©cessairement. Par exemple, la rotation d'un corps cĂ©leste peut lĂ©gĂšrement changer sa forme, et il ne serait donc pas parfaitement sphĂ©rique. De fait, la Terre a un diamĂštre lĂ©gĂšrement plus grand Ă  l'Ă©quateur qu’aux pĂŽles. 

Q : Si l'on suit cette définition, combien de planÚtes possÚde le SystÚme Solaire ?
R : Notre SystÚme Solaire est composé de huit planÚtes : Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Petit moyen mnémotechnique pour les retenir : « Me Voici Toute Mignonne, Je Suis Une Naine » (avec une jolie référence au nouveau statut de Pluton)

Q : Nous avons seulement huit planĂštes ?
R : Non. En plus de nos huit planĂštes, nous avons dĂ©couvert cinq planĂštes naines. Toutefois, beaucoup de planĂštes naines sont susceptibles d’ĂȘtre bientĂŽt dĂ©tectĂ©es. 

Q : Qu’est-ce qu’une planùte naine ?
R : Une planĂšte naine est un objet en orbite autour du Soleil et doit ĂȘtre suffisamment grand (et donc massif) pour que sa gravitĂ© l’emporte dans une forme (quasiment) sphĂ©rique. En gĂ©nĂ©ral, une planĂšte naine est plus petite que Mercure. Contrairement aux planĂštes, il est possible qu’une planĂšte naine soit en orbite dans une zone oĂč de nombreux autres objets sont prĂ©sents. Par exemple, elles peuvent ĂȘtre en orbite dans la ceinture d’astĂ©roĂŻdes, qui contient beaucoup d'autres objets. 

Q : Combien avons-nous de planĂštes naines ?
R : A l'heure actuelle, nous avons dĂ©couvert cinq objets qui entrent dans la catĂ©gorie des planĂštes naines : CĂ©rĂšs, Pluton, Éris, MakĂ©makĂ© et HaumĂ©a.

Q : Qu’est-ce que CĂ©rĂšs ?
R : CĂ©rĂšs est (ou plutĂŽt Ă©tait) le plus gros astĂ©roĂŻde de la ceinture d’astĂ©roĂŻdes qui se situe entre Mars et Jupiter. Il fait environ 1000 km de diamĂštre. DĂ©sormais, CĂ©rĂšs est considĂ©rĂ© comme une planĂšte naine, dans la mesure oĂč il est suffisamment massif pour que sa gravitĂ© le maintienne en Ă©quilibre hydrostatique de forme presque sphĂ©rique. (Thomas, 2005) CĂ©rĂšs est en orbite dans la ceinture d'astĂ©roĂŻdes et est l’exemple mĂȘme du cas d’un objet qui ne possĂšde pas d'orbite dĂ©fini. De plus, il y a de nombreux autres astĂ©roĂŻdes qui peuvent passer prĂšs de son orbite. 

Q: CĂ©rĂšs n’était-elle pas Ă  l’origine considĂ©rĂ©e comme un astĂ©roĂŻde ou un planĂ©toĂŻde ?
R : Historiquement, lorsqu’elle a Ă©tĂ© dĂ©couverte en 1801, CĂ©rĂšs a Ă©tĂ© dĂ©finie comme une planĂšte, en orbite dans la ceinture d’astĂ©roĂŻdes se situant entre Mars et Jupiter. Au XIXĂš siĂšcle, les astronomes ne parvenaient pas Ă  dĂ©terminer la taille et la forme de CĂ©rĂšs, et comme d'autres objets ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s dans la mĂȘme zone, elle a perdu son statut de planĂšte. Pendant plus d'un siĂšcle, CĂ©rĂšs a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme un astĂ©roĂŻde ou un planĂ©toĂŻde. 

Q : Pourquoi Pluton est-elle une planĂšte naine aujourd'hui ?
R : DĂ©sormais, Pluton fait partie de la catĂ©gorie des planĂštes naines, notamment Ă  cause de sa petite taille, mais aussi parce qu’elle se trouve dans une zone qui contient de nombreux autres objets similaires, appelĂ©e la rĂ©gion transneptunienne. 

Q : Est-ce que Charon, le satellite de Pluton, est une planĂšte naine ?
R : Pour le moment, Charon n’est considĂ©rĂ© que comme le satellite de Pluton. L’idĂ©e que Charon puisse ĂȘtre dĂ©fini comme une planĂšte naine sera peut-ĂȘtre Ă©tudiĂ©e plus tard, dans la mesure oĂč il a une taille comparable Ă  celle de Pluton, et qu’ils orbitent chacun autour de l’autre. Charon n’est sans doute pas un simple satellite en orbite autour d'une planĂšte. Le plus important est que le centre de gravitĂ© sur lequel il est en orbite n’est pas au sein de Pluton. En effet, son centre de gravitĂ©, appelĂ© barycentre, se trouve dans la zone libre qui se situe entre les deux objets.


Q : Jupiter et Saturne ont de grands satellites naturels en orbite autour d’eux. Est-ce que ces satellites pourraient rentrer dans la catĂ©gorie des planĂštes naines ?
R : Non. Les satellites de Jupiter et Saturne, comme Europe ou Titan par exemple, sont en orbite autour d'un mĂȘme centre de gravitĂ© (barycentre), qui se situe au cƓur de leur planĂšte. En dehors de la grande taille et de la forme de ce type d’objets, la position du barycentre au sein de leur planĂšte est ce qui les dĂ©finit comme satellites plutĂŽt que comme planĂštes. [En vĂ©ritĂ©, il n’y a eu aucune reconnaissance officielle de l’influence de la position du barycentre sur la dĂ©finition d'un satellite.]

Q : Qu’était 2003 UB​313​ ?
R : 2003 UB313 Ă©tait le nom provisoire donnĂ© Ă  un objet massif dĂ©couvert en 2003, en orbite autour du Soleil et situĂ© au-delĂ  de Neptune. Aujourd'hui, cet objet est appelĂ© Éris, et il est reconnu comme une planĂšte naine. 

Q : Pourquoi Éris est-elle une planùte naine ?
R : Les images du tĂ©lescope spatial Hubble ont aidĂ© Ă  dĂ©terminer la taille d’Éris, et elle serait au moins aussi massive que Pluton (Brown, 2006). Plus important encore, Éris possĂšde un satellite, appelĂ© Dysnomie, en rĂ©fĂ©rence Ă  la dĂ©esse grecque de l’anarchie, fille d’Éris. En 2007, la masse d’Éris a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e Ă  (1.66 ± 0.02) × 1022 kg, soit 27 % plus grande que Pluton, selon les observations faites de l’orbite de Dysnomie. Aussi, Éris est en orbite dans la rĂ©gion transneptunienne, une rĂ©gion qui possĂšde de trĂšs nombreux autres objets. Éris est donc une planĂšte naine.

Q : Comment appelle-t-on un objet trop petit pour ĂȘtre une planĂšte ou une planĂšte naine ?
R : Tous les objets en orbite autour du Soleil qui sont trop petits pour que leur propre gravité les maintienne en équilibre hydrostatique de forme sphérique sont désormais définis comme des petits corps du SystÚme Solaire. Cette catégorie inclut la plupart des astéroïdes du SystÚme Solaire, les objets géocroiseurs, les astéroïdes troyens de Mars et Jupiter, la majeure partie des centaures et des objets transneptuniens, ainsi que les comÚtes. 

Q : Qu’est-ce qu'un petit corps du Systùme Solaire ?
R : Le terme « petit corps du SystĂšme Solaire » est une dĂ©finition rĂ©cente de l’UAI pour inclure tous les objets en orbite autour du Soleil qui sont trop petits pour pouvoir ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des planĂštes ou des planĂštes naines. 

Q : Le terme de ​planĂ©toĂŻde​ peut-il encore ĂȘtre utilisĂ© ?
R : Oui, le terme planĂ©toĂŻde peut toujours ĂȘtre employĂ©. Mais en gĂ©nĂ©ral, on prĂ©fĂšrera parler de petit corps du SystĂšme Solaire.

Q : Comment sera-t-il décidé si un objet récemment découvert sera une planÚte, une planÚte naine ou un petit corps du SystÚme Solaire ?
R : Les dĂ©cisions sur la classification des objets dĂ©couverts seront prises par un comitĂ© d’étude de l’UAI. Ce processus d’étude consistera en une Ă©valuation des propriĂ©tĂ©s physiques de l’objet, basĂ©e sur les meilleures donnĂ©es disponibles, afin de savoir si elles correspondent Ă  l’une des dĂ©finitions. Il est probable que pour de nombreux objets, cela puisse prendre des annĂ©es avant d’obtenir suffisamment d'informations sur eux. 

Q : Y a-t-il actuellement des objets qui pourraient ĂȘtre des planĂštes ?
R : Non, aucun nouvel objet du SystĂšme Solaire ne semble pouvoir ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une planĂšte. Mais nous dĂ©couvrons de trĂšs nombreuses planĂštes en orbite autour d'autres Ă©toiles. 

Q : Y a-t-il actuellement des objets qui pourront ĂȘtre dĂ©finis comme des planĂštes naines ?
R : Bien sûr. Certains des plus grands astéroïdes pourraient entrer dans la catégorie des planÚtes naines. De plus, il y a également plusieurs objets au-delà de Neptune qui seront étudiés dans cette optique. 

Q : Quand seront annoncés les nouveaux objets qui rentreront dans cette catégorie ?
R : Probablement au cours des prochaines années. 

Q : Combien de planÚtes naines supplémentaires pourrait-on découvrir ?
R : Il y a en a sans doute des dizaines, si ce n’est des centaines, qui attendent d’ĂȘtre dĂ©couvertes. 

Q: Que sont les plutoïdes ?
R : Les plutoĂŻdes sont des objets cĂ©lestes en orbite autour du Soleil Ă  un demi-grand axe supĂ©rieur Ă  celui de Neptune, qui possĂšdent une masse suffisante pour que leur gravitĂ© l'emporte sur les forces de cohĂ©sion du corps solide et le maintiennent en Ă©quilibre hydrostatique (sous une forme presque sphĂ©rique) et qui n'ont pas Ă©clairci leur voisinage. Par contre, les satellites de plutoĂŻdes ne sont pas des plutoĂŻdes, mĂȘme s'ils sont assez massifs pour que leur forme dĂ©pende de leur propre gravitĂ©. Les deux seuls plutoĂŻdes connus et nommĂ©s Ă  ce jour sont Pluton et Éris. Avec les progrĂšs de la science et les nouvelles dĂ©couvertes, nous nous attendons Ă  devoir trouver des noms pour de nouveaux plutoĂŻdes. (Voir plus)

Q : Un satellite en orbite autour d'un plutoĂŻde peut-il ĂȘtre un plutoĂŻde ?
R : Non. Selon la RĂ©solution B5 de l’UAI, une planĂšte naine ne peut pas ĂȘtre un satellite, mĂȘme s’ils sont suffisamment massifs pour que leur forme dĂ©pende de leur propre gravitĂ©. (Voir plus) 

 

Références

Brown, M. et al. 2006, Astrophysical Journal, 643, L61

 Cette version française a Ă©tĂ© traduite par des bĂ©nĂ©voles du Astronomy Translation Network (RĂ©seau de traduction en astronomie), sous la supervision du National Astronomical Observatory of Japan (Observatoire astronomique national du Japon) ainsi que du Office for Astronomy Outreach (Bureau de la vulgarisation en astronomie), une division de l’Union Astronomique Internationale.

Traduction par Alyssa Larges
RĂ©vision d’épreuves par Jean-Dag Dahl
RĂ©vision du contenu scientifique par Andrea Chiavassa

En date du 23/07/2018.

Ce contenu est sous licence Creative Commons Attribution 4.0 International (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/).

ЛучшоĐč Ń‡Đ°ŃŃ‚ĐœŃ‹Đč Ń…ĐŸŃŃ‚ĐžĐœĐł