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Communication et argumentation dans les médias

Abstract

Le projet de recueillir dans un livre des contributions ancrées à la fois dans le champ des sciences du langage et dans celui des sciences de la communication est né lors d'une discussion informelle en marge du 13 th World Congress of Applied Linguistics qui s'est tenu à Singapour, en décembre 2002. Peut-être le thème du colloque : Globalisation, Creativity and the Infusion of Information Technology in the 21 st Century, et la météo du jour : trombes d'eau et taux d'humidité maximal, ont-ils inspiré le propos, ou du moins motivé le constat de départ qui est le suivant.

01-Introduction 23/08/2005 10:19 Page 7 ARGUMENTATION ET COMMUNICATION DANS LES MÉDIAS INTRODUCTION Marcel Burger et Guylaine Martel Le projet de recueillir dans un livre des contributions ancrées à la fois dans le champ des sciences du langage et dans celui des sciences de la communication est né lors d’une discussion informelle en marge du 13th World Congress of Applied Linguistics qui s’est tenu à Singapour, en décembre 2002. Peut-être le thème du colloque : Globalisation, Creativity and the Infusion of Information Technology in the 21st Century, et la météo du jour : trombes d’eau et taux d’humidité maximal, ont-ils inspiré le propos, ou du moins motivé le constat de départ qui est le suivant. 1. SCIENCES DU LANGAGE ET SCIENCES DE LA COMMUNICATION ET DES MÉDIAS De plus en plus nombreux sont les linguistes à prendre pour objet d’étude la complexité de l’organisation des discours concrets avec en toile de fond ou comme horizon d’achoppement les représentations sociales et systèmes de valeurs que ces discours supportent et les stratégies de communication qu’ils manifestent. Cette linguistique soucieuse de l’ancrage social du langage ne répudie cependant pas l’héritage des pères de la discipline, Saussure en tête. Au contraire, on peut prétendre qu’elle fait fructifier un tel héritage en resituant clairement la langue, conçue par Saussure comme un système de signes en relations d’interdépendance, au cœur de la logique et des processus qui la constituent comme telle. La langue, en effet, n’est que le résultat momentané, l’issue toujours incertaine des réalités et usages sociaux. À ce titre, il faudrait dire plus justement « les » langues puisque ce sont des variétés propres à des pratiques sociales particulières qui constituent la réalité observée par les linguistes. 01-Introduction 8 23/08/2005 10:19 Page 8 Argumentation et communication dans les médias Ainsi, les langues nous parlent des réalités sociales, parce qu’elles en sont le reflet. Mais dans le même temps les langues participent de la construction des réalités sociales. Elles représentent une ressource essentielle mobilisée constamment par les acteurs sociaux. Par exemple, les langues sont la matière même d’une partie des actions quotidiennes de chacun/e : saluer son voisin, converser entre amis, prendre rendez-vous, envoyer un courriel, débattre d’une opinion, complimenter son/sa conjoint/e, négocier la facture du garagiste, etc. Dans le même ordre d’idées, les langues permettent de rationaliser les réalités sociales. C’est en effet dans et par les langues que se concrétisent les efforts de coordination des acteurs sociaux engagés dans des activités collectives. C’est aussi dans et par les langues que se négocie et se fixe temporairement l’interprétation des (inter-) actions. Enfin, c’est dans et par les langues qu’est reconfiguré et transmis de génération à génération le sens des réalités sociales et même de la culture. La linguistique que nous évoquons porte donc sur le langage en action. Elle suppose un lien naturel avec la communication et les pratiques sociales quotidiennes et leurs enjeux. Par conséquent, affirmer pour cette linguistique un ancrage dans les sciences de la communication tombe sous le sens. Encore faut-il expliciter les modalités de cet ancrage. Il ne s’agit pas, pour nous, d’un simple transfert de théories et méthodes linguistiques aux phénomènes de communication. Il ne suffit pas non plus d’exploiter de manière ad hoc les apports incontournables de champs disciplinaires connexes comme, au premier chef, la sociologie de la communication et des interactions, la psychologie du travail et la psychologie sociale. De fait, s’ancrer dans les sciences de la communication, c’est investir une « interdiscipline » (Breton, 1996 : 7). En d’autres termes, c’est se profiler dans un espace dont l’occupation et la délimitation mêmes sont nourries de collaborations et d’échanges dialectiques entre, pour ce qui nous concerne, le spécialiste « des » langues et celui de la communication. 2. ARGUMENTATION ET COMMUNICATION DANS LES MÉDIAS Concrètement, la rencontre à laquelle nous aspirons suppose l’établissement d’un lieu particulier qui témoigne des intérêts et de la curiosité scientifiques des contributeurs à cet ouvrage. Tous bénéficient d’une solide formation en sciences du langage. Cependant, sur le plan institutionnel, tous développent leur réflexion dans le cadre d’unités de recherche et d’enseignement rattachées aux sciences de la 01-Introduction 23/08/2005 Introduction 10:19 Page 9 9 communication. Ce qui scelle plus précisément cette association, c’est un intérêt partagé pour l’articulation complexe de la construction de l’espace public de la citoyenneté et celle de l’espace privé de l’individu en tant que ces constructions impliquent nécessairement des langues. On peut faire l’hypothèse que les médias comme forme de pratique et de communication sociales sont concernés au premier titre par cette problématique. Les médias représentent en effet un « relais » (du latin medius) essentiel entre l’espace public et l’espace privé, et plus généralement entre le monde phénoménal et son interprétation. Les médias sont ainsi des rapporteurs de réalités. Cependant, dans le même temps, les médias sont aussi des créateurs de réalités. Ils contribuent à la construction des espaces public et privé par des procédés de mise en scène du réel, par exemple en sollicitant des débats d’opinions (pour le meilleur) et en dramatisant les événements qu’ils rapportent (souvent pour le pire). Dans les deux cas de figure, les médias communiquent par le truchement d’un langage qui leur est propre. Ainsi, comprendre la complexité de la logique de fonctionnement des médias et de leurs enjeux sociaux implique de prendre en compte la complexité des discours qu’ils produisent. Entre les deux, la relation est dialectique : les médias sont constitués par leurs discours dans le même temps que ces discours sont déterminés par la logique de fonctionnement des médias. A cette donnée s’ajoute le jeu du politique et des autres instances institutionnelles déterminant l’organisation de l’espace public. Ces instances ne sauraient se passer des médias puisque l’enjeu consiste invariablement à se faire entendre du plus grand nombre afin d’asseoir une forme de légitimité par la représentativité. On rejoint dès lors encore une fois la problématique des langues. Celle des médias détermine et exploite celle du politique et, inversement, dans une rencontre qui suscite immanquablement des frictions et des réactions. Viennent alors nécessairement se mêler à cette partition, en une exécution confinant parfois à la cacophonie, une multitude de voix autres : institutionnelles, organisationnelles, commerciales, corporatistes, associatives, individuelles, etc. Chaque voix est portée par « une » langue visant l’adhésion, le rejet, la discussion, la négociation des opinions en jeu parce que ces dernières déterminent la supposée bonne ou mauvaise marche du social. Chaque voix contribue de fait à des rapports de force qui sont aussi des rapports langagiers. En somme, la construction de l’espace public et de l’espace privé, médiatisée par la communication de masse et le politique, a trait à l’argumentation. Ou, à tout le moins, à l’argumentation conçue comme moyen de convaincre par la mise en forme langagière d’un 01-Introduction 10 23/08/2005 10:19 Page 10 Argumentation et communication dans les médias raisonnement, ce qui représente une définition sur laquelle on s’accorde généralement. Dès lors se trouve mis évidence un lieu spécifique que les contributeurs à cet ouvrage peuvent investir du même pas au sein de l’inter-discipline des sciences de la communication : l’argumentation et la communication dans les médias. Si l’objet et le titre de ce livre sont ainsi tout trouvés, il reste cependant à donner une vue plus détaillée de chacune des trois réalités qui s’y trouvent engagées. 3. COMMUNICATION « Si chaque époque a des vocables dont elle fait grand usage, celui de communication est au rang de ceux dont l’utilisation est aujourd’hui la plus inflationniste, et le sens le moins fixé » (Neveu, 2001 : 9). En règle générale, on admet l’impossibilité d’une définition pertinente tant le concept renvoie à des réalités hétérogènes : « communiquer ne veut rien dire en soi » (Sfez, 1997 : 122). Le mot même « autorise toutes les appropriations. Le tourisme est communication, comme le théâtre, et l’animation socio-culturelle, le commerce, le scoutisme, les effusions sentimentales, la poste, la pollinisation… » (Maigret, 2003 : 28). Dès lors trouve-t-on des définitions très générales ; trop pour être opératoires : « le terme [communication] s’applique à toute espèce de mise en relation […] des esprits humains ou, si l’on préfère, des cerveaux humains » (Baylon et Mignot, 1994 : 9-10). À défaut, les études ressassent le répertoire des différentes dimensions des phénomènes communicationnels : pluri-sémiotique, psychologique, sociologique ; touchant à différents dispositifs : communication de masse, interpersonnelle, groupale, organisationnelle ; et réalisées au moyen de différentes techniques et sur des supports spécifiques (voir notamment Meunier et Peraya, 2004 ; Maigret, 2003 ; Beaudichon, 1999 ; Littlejohn, 1999 ; Baylon et Mignot, 1994). Cependant, on peut dégager des tendances générales dans les manières de communiquer qui sont propres à des états de société donnés (Neveu, 2001 ; Sfez, 1997). Le propos est alors indissociable d’une historicisation de la communication. Il est aussi la plupart du temps ancré, du moins pour la société actuelle, dans la problématique de la communication de masse et plus précisément la communication dans les médias. Par exemple, Lucien Sfez retient trois tendances majeures de la communication donnant selon lui une bonne vue d’ensemble des phénomènes. Les deux premières tendances caractérisent les sociétés occidentales des années 1950 aux années 1970. Il s’agit d’abord de la communication « représentative » basée sur la 01-Introduction 23/08/2005 Introduction 10:19 Page 11 11 métaphore de la machine que l’homme utilise et maîtrise : communiquer revient pour un émetteur à envoyer des messages calculables à un destinataire (Sfez, 1997 : 30-50). Il s’agit ensuite de la communication « expressive » basée sur la métaphore de l’organisme qui s’adapte à l’environnement : communiquer c’est, pour reprendre l’expression de Barthes appliquée à la langue, « parler l’écoute qu’[on] imagine à sa propre parole » (Barthes, 1978 : 10). Comme l’émetteur se fait à l’avance destinataire et inversement, il s’opère une sorte de nivellement, voire de brouillage des identités qui complexifie la communication. Celle-ci ne consiste plus en un message objectif parce qu’extérieur aux sujets communicants, mais réside dans l’expressivité subjective de ceux-ci inter-agissants (Sfez, 1997 : 70-82). Ces deux tendances communicationnelles, pour intéressantes qu’elles soient, ne retiennent pas ici notre attention. D’une part, parce qu’elles ne caractérisent qu’imparfaitement la communication médiatique en jeu dans cet ouvrage et, d’autre part, parce qu’elles voient leur émergence historique dépassée par une troisième tendance encore actuelle : la communication « confondante ». Celle-ci est basée sur la métaphore de sujets communicants unis par un lien en quelque sorte indivis, existants PAR la communication elle-même et non pas AVEC la communication (représentative) ou DANS la communication (expressive). Plus précisément, pour Sfez (1997 : 85130), la communication confondante consiste justement à confondre l’expression spontanée et ce qui en réalité relève de la représentation, de la planification et de la stratégie (voir Debord, 1992). Ainsi, « on prend les réalités de deuxième degré formées par les émetteurs ou les réalités de troisième degré formées par les récepteurs pour une seule et même réalité, de premier degré, qui se confond avec les données brutes » (Sfez, 1997 : 87). Cette tendance signe l’avènement d’une forme de communication appauvrie et même périlleuse puisque « la communication se fait ici de soi à soi-même, mais d’un soi dilué dans un tout. Cette communication-là est donc celle d’un non-soi à un non-soi-même » (Sfez, 1997 : 121). Sans plus faire de distinction entre le message, l’émetteur et le récepteur, et sans interaction entre eux, le sujet communicant se coupe de la réalité réelle. La communication confondante semble avoir trait pour plusieurs raisons à la communication de masse médiatique, et plus justement à la télédiffusion et au cyber espace de l’Internet. En effet, les deux médias témoignent d’un même souci de pallier au défaut majeur souvent imputé à la communication de masse, c’est-à-dire son caractère unilatéral et mono-géré, et donc l’impossibilité pour les destinataires d’y participer effectivement. Ainsi, des mises en scène dynamiques et 01-Introduction 23/08/2005 12 10:19 Page 12 Argumentation et communication dans les médias interactives donnent à ces derniers l’illusion d’agir vraiment, ou du moins de participer librement à la communication alors qu’il s’agit dans les faits d’une participation par procuration ou d’une participation fortement contrainte parce que dûment planifiée par le média. 4. MÉDIAS Les critiques à l’égard de la communication confondante exploitée en particulier par la télévision se justifient certainement. En règle générale, elles se situent dans le prolongement des thèses idéalistes et normatives de l’École de Francfort et plus particulièrement de Habermas (1987 ; 1993). Ainsi, dénonce-t-on la tyrannie des médias et les conséquences négatives de la spectacularisation et de la marchandisation (certains parlent d’« américanisation ») de la communication. En somme, les médias – télévision en tête – trahissent leur mission citoyenne première (celle qui en fait des relais dans la construction de l’espace public) et contribuent à détendre les liens sociaux au lieu de les affermir. Concurrence économique oblige, les médias ne jouent plus leur « rôle [qui] ne consiste pas à faire découvrir une nouvelle explication du monde, mais à mettre à la portée du plus grand nombre en âge de citoyenneté les faits que celuici est censé ignorer et les explications qui sont données par d’autres, plus ou moins spécialistes ou savants, sur le pourquoi et le comment de ces événements » (Charaudeau, 1997 : 32). Si les médias, dès leur origine (c’est-à-dire la presse régulière en Hollande puis en Grande Bretagne au passage des XVIIe et XVIIIe siècles), vivent une tension permanente entre des enjeux citoyens et des enjeux économiques, les seconds priment désormais largement sur les premiers. Ainsi, les médias sont des acteurs économiques engagés dans un marché de forte concurrence où l’intérêt du public passe avant l’intérêt public. Plus précisément, les intérêts supposés des usagers se confondent avec les intérêts manifestes des annonceurs. La recherche de l’audience maximale constitue dès lors le souci essentiel. Et les audiences, justement, sont proprement « vendues à des entreprises ou à des institutions procédant à des investissements publicitaires » (Lochard et Boyer, 1998 : 8). Dans le même ordre d’idées, Pierre Bourdieu, à la fois clairvoyant et pessimiste, souligne le « mécanisme de circulation circulaire » propre au fonctionnement des médias, c’est-à-dire le fait que les journalistes qui, au demeurant, ont beaucoup de propriétés communes, de condition, mais aussi d’origine 01-Introduction 23/08/2005 Introduction 10:19 Page 13 13 et de formation, se lisent les uns les autres, se voient les uns les autres dans des débats où l’on revoit toujours les mêmes têtes, a des effets de fermeture et, il ne faut pas hésiter à le dire, de censure aussi efficaces […] que ceux d’une bureaucratie centrale, d’une intervention politique expresse (Bourdieu, 1996 : 26). Quant aux intervenants extérieurs aux médias, ils forment, toujours selon Bourdieu, un « univers des invités permanents [qui] est un monde clos d’inter-connaissance qui fonctionne dans une logique d’auto-renforcement permanent » (Bourdieu, 1996 : 32). En contre-point à ces critiques, on trouve par contre force discours apologétiques qui vantent au contraire « les qualités participatives et festives [des médias] : en rapprochant les hommes, en leur offrant des mythes communs, une magie renouvelée, les médias renoueraient les liens de la communauté » (Maigret, 2003 : 24). À la pseudo-communication (c’est-à-dire la communication confondante qui est totalitaire), on oppose précisément un renouveau de la communication dont les médias, par le truchement des nouvelles technologies, seraient l’incarnation privilégiée. Pour Erik Neveu, il semble que se développent dans les sociétés modernes une « pensée et un discours communicationnels » qui érigent les médias et les réseaux de communication en « armatures du lien social ». Les médias sont « promesse de transparence, de démocratie, générateurs de connexions qui brisent l’atomisation de la société de masse » (Neveu, 2003 : 34). Plus précisément, « la société de communication se définit comme procès de régression de la conflictualité. Elle substitue le dialogue et la négociation à la contrainte ; elle crée les conditions d’une société pacifiée par la réduction des inégalités de savoir, de pouvoir, de responsabilité. Dans cet univers le conflit n’est pas forcément impossible. Il est assurément suspect. Il viole la norme communicationnelle pour réintroduire la brutalité de rapports de force » (Neveu, 2003 : 81). Ainsi, dans cette dernière optique, la vraie communication se réalise dans et par les médias, et à la télévision plus souvent qu’à son tour. Même si la radio dite de « proximité » y participe aussi (voir Vincent et Turbide (dir.), 2004), le média télédiffusé offre une tribune communicationnelle considérée comme inédite, car elle installe le citoyen-lambda (c’est-à-dire monsieur et madame Tout-le-monde) à la place de l’expert et du politique. Comme la délimitation entre l’espace public et l’espace privé tend à se reconfigurer sous l’effet de la représentativité du citoyen lambda, certains n’hésitent pas à parler de renouveau démocratique. On peut distinguer trois étapes dans ce 01-Introduction 14 23/08/2005 10:19 Page 14 Argumentation et communication dans les médias processus initié dès les années 1960, mais qui ne bat véritablement à plein régime qu’aujourd’hui. Dans un premier temps, la télévision, par l’intermédiaire des émissions de type talk-show, offre au public présent sur le plateau un accès direct à la discussion avec les professionnels de l’espace public que sont les politiciens. On pousse le souci de participation citoyenne jusqu’à permettre l’intervention, via le standard téléphonique, d’un public externe, même si les appels sont filtrés. Dans un deuxième temps, on assiste à l’intrusion puis à l’avènement d’un public non expert sur la scène médiatique de la construction de l’espace public. Selon Sonia Livingstone et Peter Lunt (1994 : 40-60), c’est même une véritable antipathie pour les spécialistes, savants, experts, politiques qui caractérise dès lors les talk-shows. En somme, l’expérience quotidienne des acteurs sociaux est érigée en modèle de représentativité de l’opinion publique. Ceux-ci se racontent en toute simplicité et sincérité. Ils incarnent les réalités sociales mieux que les politiques en ce qu’ils vivent au jour le jour les joies et les peines de l’être-ensemble citoyen. Selon Jane Shattuc (1997 : 5-6), la participation de ces gens ordinaires a pour fonction – médiatique – essentielle de représenter les téléspectateurs. Ils constituent en quelque sorte la délégation d’un public idéal : « an ideal audience that listens respectfully and asks the questions (or guesses the answers) for the viewers at home ». Mais la participation des gens ordinaires au débat public comporte aussi une autre fonction qui détermine en retour une redistribution des rôles sociaux joués par les médias. En effet, en tant que non-experts, les participants aux talk-shows se limitent à produire des discours de sens commun sous forme de témoignages poignants où l’émotion est à fleur de peau. Les opinions exprimées se fondent dans des généralités et sont en soi moins importantes (et pertinentes) que la performance médiatique par laquelle elles sont rendues publiques. En d’autres termes, le média devient comme un thérapeute auquel on se confie. Thérapeute atypique cependant, incarné par l’animateur/trice vedette des talk shows, dans la mesure où il/elle s’ingère systématiquement dans le propos en adoptant tour à tour une attitude « sympathique » envers le confident (voire empathique) et des stratégies visant à exploiter le sensationnalisme du témoignage et de la situation. D’une manière générale, le média crée un lieu pseudo intime offrant une opportunité de dire qui ne serait peut-être pas saisie ou demandée par l’intervenant ailleurs, parce que le média permet le paradoxe de dévoiler l’expérience intime à un public de masse anonyme. Si la télévision reste « un lieu d’exhibition narcissique » (Bourdieu, 1996 : 11), celui-ci est désormais connoté positivement, 01-Introduction 23/08/2005 10:19 Page 15 Introduction 15 même s’il apparaît manifestement que nous rejoignons les affres de la communication confondante que nous évoquions au début de cette introduction (voir Jost, 2001). La boucle se boucle définitivement dès que l’on considère le rôle des politiques dans ce processus. Il s’agit de la troisième étape annoncée plus haut. Que « l’espace public [est] envahit par la quotidienneté » (Charaudeau et Ghiglione, 1997 : 73) affecte évidemment la participation des politiques au débat public dans les médias. D’abord, ceux-ci doivent apprendre à partager la scène médiatique avec des « profanes » : ainsi des artistes sont appelés à comparaître dans des émissions très sérieuses (téléjournaux, magazines, débats). Ils sont là dans un rôle de représentation sociale ambiguë : loin du monsieur et madame Tout-le-Monde puisque ce sont des personnes publiques, mais proches de celui-ci/celle-ci par leur ignorance, leur « profanité » politique et leur statut de citoyens (Charaudeau et Ghiglione, 1997 : 61). Ensuite, les politiques doivent apprendre à paraître médiagéniques en maîtrisant les genres médiatiques et plus particulièrement « les » langues de médias (voir Fairclough, 1998). En des termes assez forts, Erik Neveu résume parfaitement le travers majeur de la société de communication pour les politiques : dans une société libérée des idéologies et des illusions épiques, la politique n’aurait ni plus ni moins d’importance que le fait divers ou les soucis privés. Privés de leur piédestal par l’indifférence des regards, les hommes politiques se trouveraient dans l’obligation de se livrer à des gesticulations pour susciter l’écoute. Les mises en scène télévisées qui les exhibent à contre-emploi ou sur des registres intimistes sont à la fois le prix à payer pour susciter l’attention, prévenir l’équivalent du zapping dans l’ordre des préoccupations sociales, et le terrain d’une glissade dans la déchéance burlesque du politique (Neveu, 2003 : 80). D’où l’idée que ce sont les « conditions [mêmes] de la compétition politique » (Neveu, 2003 : 95) qui se modifient (voir également Charaudeau, 2005). 5. ARGUMENTATION L’argumentation constitue précisément l’une de ces conditions, peut-être même la condition essentielle. On peut poser, à la suite de 01-Introduction 16 23/08/2005 10:19 Page 16 Argumentation et communication dans les médias Philippe Breton, que l’argumentation « appartient à la famille des actions humaines qui ont pour objectif de convaincre [et] dont la spécificité est de mettre en œuvre un raisonnement dans une situation de communication » (Breton, 1996 : 3-4). Dans ce sens, l’argumentation n’a rien à voir avec l’idée de vérité ; par contre, argumentation et opinion ont partie liée. Pour Breton, cette dernière, ne se comprend pas comme « une croyance molle ou une vérité peu rigoureuse, mais [constitue] bien la matière de notre vie quotidienne, le ciment de notre adhésion à la vie et le fondement de nos choix les plus essentiels ». Par exemple, « la croyance dans les vertus de l’égalité, qui fonde beaucoup de choix dans tous les domaines (en politique, l’égalité des votes), n’est ni une vérité ni une fausseté, c’est une opinion forte » (1996 : 8). En synthèse, argumenter « c’est raisonner, proposer une opinion à d’autres en leur donnant de bonnes raisons d’y adhérer » (1996 : 16). Argumenter « c’est aussi choisir dans une opinion les aspects essentiels qui la rendront acceptable pour un public donné » (1996 : 20). Enfin, dans le même ordre d’idées, argumenter « c’est aussi affirmer concrètement que tout n’est pas manipulation de la pensée ou raison déshumanisée » (1996 : 22). L’argumentation suppose par conséquent tout autant la communication et « les » langues1. L’argumentation a trait à la communication puisqu’elle engage un émetteur à ses destinataires en s’appuyant sur une réalité sociale. Celle-ci est exposée selon un point de vue présenté comme supérieur à d’autres points de vue moins pertinents. Dans ce sens, toute argumentation est polémique. Elle suppose une contreargumentation qui virtuellement la conteste. L’argumentation a par conséquent aussi trait aux langues puisqu’il ne saurait y avoir de mise en forme d’un raisonnement et de négociation de points de vue sans les mots des langues. 1. Ces deux dimensions essentielles ne peuvent être détaillés tant la littérature qu’elles ont suscitée est immense. En outre, comme chacun des contributeurs à cet ouvrage en détaille un aspect particulier, il est inutile même de tenter l’exercice. On peut cependant rappeler avec Christian Plantin (1996) trois axes de réflexion majeurs. D’abord, l’argumentation remonte aux sophistes avant qu’Aristote n’en fasse la pierre de touche de son édifice rhétorique. Plus récemment, la « nouvelle rhétorique » de Perelman et Olbrechts-Tyteca (1958) dresse un inventaire des procédés argumentatifs en articulant visée communicationnelle, raisonnement et langage. Enfin, aux préoccupations des philosophes et du juriste, s’ajoutent celle du linguiste. Les travaux de Ducrot (1980), et d’Anscombre et Ducrot (1977) montrent de manière convaincante comment le sens même des mots « des » langues comporte une valeur argumentative, c’est-à-dire oriente le raisonnement interprétatif. 01-Introduction 23/08/2005 Introduction 10:19 Page 17 17 Mais l’argumentation a par là même aussi trait à la citoyenneté et in fine aux médias. Seule l’argumentation, qui est négociation, rend le débat public possible, qu’il s’agisse du débat spécialisé des parlementaires, par exemple, ou du débat informel et quotidien des citoyens entre eux. Or, comme ils sont au centre de la construction de l’espace public, les médias constituent un lieu et un mode de communication privilégié de l’argumentation. Les médias ne sauraient être vierges d’argumentation. En fait, admettre l’actualité de la communication confondante, c’est envisager que les médias jouent un rôle complexe et qu’ils déterminent l’argumentation elle-même. Pensés comme des « relais » des réalités sociales, les médias seraient plutôt un facteur encourageant l’argumentation. La qualité et la justesse de celle-ci dépendraient d’enjeux sociaux et politiques exprimés par des acteurs extérieurs à la scène médiatique où la logique civique constituerait le principe régulateur. À l’inverse, pensés comme des créateurs de réalités, les médias représenteraient plutôt une entrave à l’argumentation. Déjà appauvrie par les exigences de la logique commerciale qui régit la scène médiatique, l’argumentation serait en outre contrôlée, voire systématiquement occultée par certains acteurs médiatiques : journalistes et animateurs vedettes, au profit de leur seule visibilité. Évidemment, le jeu des médias ne porte pas sur l’un ou l’autre des cas de figure évoqués, mais oscille constamment entre les deux en des combinaisons où l’un puis l’autre semble temporairement dominer. De même, l’enjeu n’est pas l’un ou l’autre des types d’argumentation, mais concerne autant l’argumentation spécialisée (celle des politiques) que l’argumentation ordinaire (celle des citoyens lambda). Deux contraintes majeures pèsent cependant sur la qualité de l’argumentation en général dans les médias, celle du temps médiatique et celle de la spectacularisation. Pour Bourdieu (1996 : 13) prenant position vis-à-vis de la télévision, la « limitation du temps impose au discours des contraintes telles qu’il est peu probable que quelque chose puisse se dire » ; entendons par là qu’une argumentation, c’est-à-dire un discours d’opinion ancré dans la raison, ne peut se développer. Cette remarque vaut assurément aussi pour l’espace rédactionnel disponible dans la presse écrite. Quant à la contrainte de spectacularisation liée aux enjeux commerciaux, elle a pour effet, selon Livingstone et Lunt (1994 : 150-160) de favoriser les appels à l’émotion au détriment du raisonnement, de même que de diviser, fragmenter et pluraliser l’argumentation afin de rendre plus attractive la performance médiatique rendue plus dynamique. En somme, il semble que la réalité des médias modernes force à reconsidérer les conditions de l’argumentation. L’argumentation 01-Introduction 18 23/08/2005 10:19 Page 18 Argumentation et communication dans les médias existe-t-elle per se ? Si on admet que toute argumentation opère un cadrage de la réalité sur lequel elle s’appuie pour se développer, alors il n’est pas indifférent de se demander si les genres de communication ainsi que les genres de discours ne représentent pas également des contraintes majeures. Par exemple, il est peu probable qu’on argumente de la même manière dans un débat médiatique, lors d’un conseil d’administration et dans le cours d’une discussion en famille. Pour s’en tenir aux genres pratiqués par les médias, il semblerait bien qu’on doive distinguer entre une argumentation propre à l’éditorial et celle propre au débat, celle de la chronique, celle de l’interview ou encore celle du billet d’humeur, par exemple. De même, si on admet que l’argumentation implique la rationalité, c’est-à-dire un discours dominé par le logos aristotélicien, on peut légitimement se demander quelle est la part des autres dimensions observées par la rhétorique dans l’ensemble d’un développement argumentatif. Ainsi, argumente-t-on vraiment sans jamais recourir à un discours empreint de pathos (c’est-à-dire faisant appel aux sentiments des destinataires) et sans rendre sensible un ethos particulier (c’est-à-dire la construction discursive d’une certaine image de soi comme sujet communicant) ? Comment ces dimensions se combinent-elles dans un seul et même discours ? À cela s’ajoute la problématique de la construction conjointe et interactive de l’argumentation. Comment l’argumentation elle-même se négocie-t-elle dans une situation de communication en fonction des réactions pas toujours prévisibles des contradicteurs ? Quelles sont les dynamiques communicationnelles qui affectent l’argumentation et selon quelles modalités ? Les contributions qui suivent proposent chacune un élément de réponse à ces questions avec en filigrane ou comme thématique centrale la problématique du déplacement actuellement manifeste des limites de l’espace public et de l’espace privé, et le rôle des médias dans ce déplacement. Plutôt que de traiter de l’argumentation en général, il a paru plus intéressant et pertinent de prendre pour cible des sujets argumentateurs particuliers, « leurs » langues et « leurs » stratégies de communication, qu’il s’agisse de spécialistes institutionnellement reconnus ou au contraire des citoyens lambda que nous avons précédemment évoqués et qui jouent un rôle essentiel. À leur propos, Guylaine Martel (2000 : 155) observe que « la complexité et la finesse des réalisation discursives par lesquelles ils concrétisent, de façon spontanée, les divers mouvements de la pensée, de même que la cohérence de leurs articulations, témoignent de l’indéniable compétence des usagers à verbaliser l’expérience intellectuelle quotidienne qui consiste à raisonner ». De fait, les corpus analysés 01-Introduction 23/08/2005 10:19 Page 19 19 Introduction par les contributeurs semblent montrer que cette maîtrise de la « rhétorique naturelle » fait sinon figure de modèle du moins influence sensiblement les professionnels de la gestion de l’espace public que sont les politiques. L’enjeu des contributions, qui s’ancrent la plupart dans le domaine politique, a consisté à définir des manières d’argumenter en fonction de la relation entre une visée particulière (de quoi cherche-ton à convaincre ?), des stratégies (par quels moyens convainc-t-on ?) et un genre médiatique (le genre du clip électoral, le genre débat, le genre éditorial). Toutes les contributions articulent clairement la dimension communicationnelle et la dimension linguistique de l’argumentation dans les médias. Toutes prennent peu ou prou position quant aux modalités théoriques et méthodologiques de cette articulation et, partant, de la relation entre les sciences de la communication et les sciences du langage. Quant à la problématique générale qui sous-tend le propos, à savoir les rapports entre la construction de l’espace public et de l’espace privé dans et par la communication et l’argumentation, seules des pistes permettant d’aiguiser la réflexion sont tracées : renouveau ou perversion de la rationalité citoyenne ? Régénération ou invasion délétère de l’arène publique par le fait divers quotidien ? Aux lecteurs évidemment de se faire leur propre opinion. * * * Cet ouvrage est né de l’intention commune d’expliciter l’apport des théories linguistiques et des théories de l’argumentation aux études en communication publique médiatisée. Huit textes ont été réunis qui s’inscrivent dans des perspectives théoriques ou méthodologiques différentes, mais conciliables à l’intérieur de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler les « sciences du langage », un regroupement dont la conception « devrait permettre le dialogue entre les sciences ou disciplines du texte et de la communication » (Adam, p. 76). Dans tous les cas, les auteurs insistent sur la nécessité d’appréhender l’argumentation en fonction de la situation de communication. Aucun raisonnement n’étant « mauvais ou faux dans l’absolu », « le jugement sur la validité d’une argumentation doit se faire dans le cadre d’une situation de communication et de l’enjeu qui la caractérise » (Charaudeau, p. 41). Les connaissances nouvelles qu’apportent chacun de ces articles sur différents enjeux de communication médiatique reposent sur une analyse fine des procédés, mécanismes ou concepts relevant des théories de l’argumentation. La manière d’articuler ces approches 01-Introduction 20 23/08/2005 10:19 Page 20 Argumentation et communication dans les médias plus linguistiques en termes de « genre communicationnel […] est essentielle pour la compréhension des langues et des mécanismes du langage en général, et ceux des sciences de la communication » (Breton, p. 109). Les huit textes rassemblés ici se distinguent les uns des autres quant à l’exploitation des théories de l’argumentation sur différents genres médiatiques ; en revanche, de nombreux points communs en émergent qui donnent sa cohérence et sa pertinence à l’ouvrage. On note au premier chef que, quelle que soit l’origine scientifique des auteurs, tous se réclament du modèle classique d’Aristote ou de la nouvelle rhétorique de Perelman. Parmi les divers emprunts théoriques au modèle aristotélicien, tous les auteurs conviennent de distinguer ce qui relève de la raison de ce qui relève de la passion. « La gestion du logos (usage des arguments), de l’ethos (présentation de l’orateur) et du pathos (émotion suscitée dans l’auditoire) se subordonnent aux possibilités et aux limites du cadre générique sélectionné » (Amossy, p. 213). Les résultats révèlent la prépondérance des recours argumentatifs liés au pathos au détriment du logos, le discours public s’adressant au sentiment plus qu’à la raison. Certains tendent à interpréter ce « déséquilibre » comme une « carence argumentative » qui en quelque sorte « avilirait l’espace public » (Gauthier, p. 143, 144). D’autres, en revanche, affirment que, si « peu [de propositions] satisfont aux exigences d’une argumentation rigoureuse […], toutes semblent immédiatement intelligibles, limpides, éloquentes et, surtout, empreintes de bon sens » (Nguyên-Duy et Cotte, p. 165). Malgré la sophistication des moyens de médiatisation qui caractérise notre époque, la communication publique demeure le lieu privilégié d’expression du lieu commun, de la doxa, des croyances et des valeurs partagées. Dans son ensemble, Argumentation et communication dans les médias aborde les théories de l’argumentation comme étant le lieu de construction et d’organisation par excellence de la communication. « Selon ce qu’ils connaissent et se représentent du comportement verbal associé à ces situations, les individus choisissent, avec beaucoup de pertinence d’ailleurs, les formes discursives qui conviennent le mieux à ce qu’ils ont à exprimer » (Martel et Turbide, p. 187). « C’est dans et par le discours que les communicateurs se définissent les uns les autres, qu’ils agissent sur l’auditoire, qu’ils ancrent la discussion dans la problématique de communication » (Burger, p. 5657). 01-Introduction 23/08/2005 10:19 Page 21 Introduction 21 BIBLIOGRAPHIE ANSCOMBRE, Jean-Claude, et Oswald DUCROT (1977), L’argumentation dans la langue, Bruxelles, Mardaga. BARTHES, Roland (1978), « Préface » dans François FLAHAULT, La parole intermédiaire, Paris, Seuil, p. 7-10. 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