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ARGUMENTATION
ET COMMUNICATION DANS LES MÉDIAS
INTRODUCTION
Marcel Burger et Guylaine Martel
Le projet de recueillir dans un livre des contributions ancrées à la
fois dans le champ des sciences du langage et dans celui des sciences
de la communication est né lors d’une discussion informelle en marge
du 13th World Congress of Applied Linguistics qui s’est tenu à
Singapour, en décembre 2002. Peut-être le thème du colloque : Globalisation, Creativity and the Infusion of Information Technology in
the 21st Century, et la météo du jour : trombes d’eau et taux d’humidité maximal, ont-ils inspiré le propos, ou du moins motivé le constat
de départ qui est le suivant.
1.
SCIENCES DU LANGAGE ET SCIENCES
DE LA COMMUNICATION ET DES MÉDIAS
De plus en plus nombreux sont les linguistes à prendre pour objet
d’étude la complexité de l’organisation des discours concrets avec en
toile de fond ou comme horizon d’achoppement les représentations
sociales et systèmes de valeurs que ces discours supportent et les
stratégies de communication qu’ils manifestent. Cette linguistique
soucieuse de l’ancrage social du langage ne répudie cependant pas
l’héritage des pères de la discipline, Saussure en tête. Au contraire, on
peut prétendre qu’elle fait fructifier un tel héritage en resituant
clairement la langue, conçue par Saussure comme un système de
signes en relations d’interdépendance, au cœur de la logique et des
processus qui la constituent comme telle. La langue, en effet, n’est
que le résultat momentané, l’issue toujours incertaine des réalités et
usages sociaux. À ce titre, il faudrait dire plus justement « les » langues puisque ce sont des variétés propres à des pratiques sociales
particulières qui constituent la réalité observée par les linguistes.
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Ainsi, les langues nous parlent des réalités sociales, parce
qu’elles en sont le reflet. Mais dans le même temps les langues
participent de la construction des réalités sociales. Elles représentent
une ressource essentielle mobilisée constamment par les acteurs
sociaux. Par exemple, les langues sont la matière même d’une partie
des actions quotidiennes de chacun/e : saluer son voisin, converser
entre amis, prendre rendez-vous, envoyer un courriel, débattre d’une
opinion, complimenter son/sa conjoint/e, négocier la facture du
garagiste, etc. Dans le même ordre d’idées, les langues permettent de
rationaliser les réalités sociales. C’est en effet dans et par les langues
que se concrétisent les efforts de coordination des acteurs sociaux
engagés dans des activités collectives. C’est aussi dans et par les
langues que se négocie et se fixe temporairement l’interprétation des
(inter-) actions. Enfin, c’est dans et par les langues qu’est reconfiguré
et transmis de génération à génération le sens des réalités sociales et
même de la culture.
La linguistique que nous évoquons porte donc sur le langage en
action. Elle suppose un lien naturel avec la communication et les pratiques sociales quotidiennes et leurs enjeux. Par conséquent, affirmer
pour cette linguistique un ancrage dans les sciences de la communication tombe sous le sens. Encore faut-il expliciter les modalités de
cet ancrage. Il ne s’agit pas, pour nous, d’un simple transfert de théories et méthodes linguistiques aux phénomènes de communication. Il
ne suffit pas non plus d’exploiter de manière ad hoc les apports
incontournables de champs disciplinaires connexes comme, au premier chef, la sociologie de la communication et des interactions, la
psychologie du travail et la psychologie sociale. De fait, s’ancrer dans
les sciences de la communication, c’est investir une « interdiscipline » (Breton, 1996 : 7). En d’autres termes, c’est se profiler
dans un espace dont l’occupation et la délimitation mêmes sont
nourries de collaborations et d’échanges dialectiques entre, pour ce
qui nous concerne, le spécialiste « des » langues et celui de la
communication.
2.
ARGUMENTATION ET COMMUNICATION
DANS LES MÉDIAS
Concrètement, la rencontre à laquelle nous aspirons suppose
l’établissement d’un lieu particulier qui témoigne des intérêts et de la
curiosité scientifiques des contributeurs à cet ouvrage. Tous bénéficient d’une solide formation en sciences du langage. Cependant, sur
le plan institutionnel, tous développent leur réflexion dans le cadre
d’unités de recherche et d’enseignement rattachées aux sciences de la
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communication. Ce qui scelle plus précisément cette association,
c’est un intérêt partagé pour l’articulation complexe de la construction de l’espace public de la citoyenneté et celle de l’espace privé de
l’individu en tant que ces constructions impliquent nécessairement
des langues. On peut faire l’hypothèse que les médias comme forme
de pratique et de communication sociales sont concernés au premier
titre par cette problématique. Les médias représentent en effet un
« relais » (du latin medius) essentiel entre l’espace public et l’espace
privé, et plus généralement entre le monde phénoménal et son interprétation. Les médias sont ainsi des rapporteurs de réalités.
Cependant, dans le même temps, les médias sont aussi des créateurs
de réalités. Ils contribuent à la construction des espaces public et
privé par des procédés de mise en scène du réel, par exemple en
sollicitant des débats d’opinions (pour le meilleur) et en dramatisant
les événements qu’ils rapportent (souvent pour le pire).
Dans les deux cas de figure, les médias communiquent par le
truchement d’un langage qui leur est propre. Ainsi, comprendre la
complexité de la logique de fonctionnement des médias et de leurs
enjeux sociaux implique de prendre en compte la complexité des discours qu’ils produisent. Entre les deux, la relation est dialectique : les
médias sont constitués par leurs discours dans le même temps que ces
discours sont déterminés par la logique de fonctionnement des
médias. A cette donnée s’ajoute le jeu du politique et des autres instances institutionnelles déterminant l’organisation de l’espace public.
Ces instances ne sauraient se passer des médias puisque l’enjeu
consiste invariablement à se faire entendre du plus grand nombre afin
d’asseoir une forme de légitimité par la représentativité. On rejoint
dès lors encore une fois la problématique des langues. Celle des
médias détermine et exploite celle du politique et, inversement, dans
une rencontre qui suscite immanquablement des frictions et des
réactions.
Viennent alors nécessairement se mêler à cette partition, en une
exécution confinant parfois à la cacophonie, une multitude de voix
autres : institutionnelles, organisationnelles, commerciales, corporatistes, associatives, individuelles, etc. Chaque voix est portée par
« une » langue visant l’adhésion, le rejet, la discussion, la négociation
des opinions en jeu parce que ces dernières déterminent la supposée
bonne ou mauvaise marche du social. Chaque voix contribue de fait à
des rapports de force qui sont aussi des rapports langagiers. En
somme, la construction de l’espace public et de l’espace privé, médiatisée par la communication de masse et le politique, a trait à l’argumentation. Ou, à tout le moins, à l’argumentation conçue comme
moyen de convaincre par la mise en forme langagière d’un
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raisonnement, ce qui représente une définition sur laquelle on s’accorde généralement.
Dès lors se trouve mis évidence un lieu spécifique que les
contributeurs à cet ouvrage peuvent investir du même pas au sein de
l’inter-discipline des sciences de la communication : l’argumentation
et la communication dans les médias. Si l’objet et le titre de ce livre
sont ainsi tout trouvés, il reste cependant à donner une vue plus
détaillée de chacune des trois réalités qui s’y trouvent engagées.
3.
COMMUNICATION
« Si chaque époque a des vocables dont elle fait grand usage,
celui de communication est au rang de ceux dont l’utilisation est
aujourd’hui la plus inflationniste, et le sens le moins fixé » (Neveu,
2001 : 9). En règle générale, on admet l’impossibilité d’une définition pertinente tant le concept renvoie à des réalités hétérogènes :
« communiquer ne veut rien dire en soi » (Sfez, 1997 : 122). Le mot
même « autorise toutes les appropriations. Le tourisme est communication, comme le théâtre, et l’animation socio-culturelle, le
commerce, le scoutisme, les effusions sentimentales, la poste, la
pollinisation… » (Maigret, 2003 : 28). Dès lors trouve-t-on des
définitions très générales ; trop pour être opératoires : « le terme
[communication] s’applique à toute espèce de mise en relation […]
des esprits humains ou, si l’on préfère, des cerveaux humains »
(Baylon et Mignot, 1994 : 9-10). À défaut, les études ressassent le
répertoire des différentes dimensions des phénomènes communicationnels : pluri-sémiotique, psychologique, sociologique ; touchant à
différents dispositifs : communication de masse, interpersonnelle,
groupale, organisationnelle ; et réalisées au moyen de différentes
techniques et sur des supports spécifiques (voir notamment Meunier
et Peraya, 2004 ; Maigret, 2003 ; Beaudichon, 1999 ; Littlejohn,
1999 ; Baylon et Mignot, 1994).
Cependant, on peut dégager des tendances générales dans les
manières de communiquer qui sont propres à des états de société
donnés (Neveu, 2001 ; Sfez, 1997). Le propos est alors indissociable
d’une historicisation de la communication. Il est aussi la plupart du
temps ancré, du moins pour la société actuelle, dans la problématique
de la communication de masse et plus précisément la communication
dans les médias. Par exemple, Lucien Sfez retient trois tendances
majeures de la communication donnant selon lui une bonne vue
d’ensemble des phénomènes. Les deux premières tendances caractérisent les sociétés occidentales des années 1950 aux années 1970. Il
s’agit d’abord de la communication « représentative » basée sur la
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métaphore de la machine que l’homme utilise et maîtrise : communiquer revient pour un émetteur à envoyer des messages calculables à
un destinataire (Sfez, 1997 : 30-50). Il s’agit ensuite de la communication « expressive » basée sur la métaphore de l’organisme qui
s’adapte à l’environnement : communiquer c’est, pour reprendre l’expression de Barthes appliquée à la langue, « parler l’écoute qu’[on]
imagine à sa propre parole » (Barthes, 1978 : 10). Comme l’émetteur
se fait à l’avance destinataire et inversement, il s’opère une sorte de
nivellement, voire de brouillage des identités qui complexifie la
communication. Celle-ci ne consiste plus en un message objectif
parce qu’extérieur aux sujets communicants, mais réside dans l’expressivité subjective de ceux-ci inter-agissants (Sfez, 1997 : 70-82).
Ces deux tendances communicationnelles, pour intéressantes
qu’elles soient, ne retiennent pas ici notre attention. D’une part, parce
qu’elles ne caractérisent qu’imparfaitement la communication
médiatique en jeu dans cet ouvrage et, d’autre part, parce qu’elles
voient leur émergence historique dépassée par une troisième tendance
encore actuelle : la communication « confondante ». Celle-ci est
basée sur la métaphore de sujets communicants unis par un lien en
quelque sorte indivis, existants PAR la communication elle-même et
non pas AVEC la communication (représentative) ou DANS la
communication (expressive). Plus précisément, pour Sfez (1997 : 85130), la communication confondante consiste justement à confondre
l’expression spontanée et ce qui en réalité relève de la représentation,
de la planification et de la stratégie (voir Debord, 1992). Ainsi, « on
prend les réalités de deuxième degré formées par les émetteurs ou les
réalités de troisième degré formées par les récepteurs pour une seule
et même réalité, de premier degré, qui se confond avec les données
brutes » (Sfez, 1997 : 87).
Cette tendance signe l’avènement d’une forme de communication appauvrie et même périlleuse puisque « la communication se fait
ici de soi à soi-même, mais d’un soi dilué dans un tout. Cette
communication-là est donc celle d’un non-soi à un non-soi-même »
(Sfez, 1997 : 121). Sans plus faire de distinction entre le message,
l’émetteur et le récepteur, et sans interaction entre eux, le sujet
communicant se coupe de la réalité réelle. La communication
confondante semble avoir trait pour plusieurs raisons à la communication de masse médiatique, et plus justement à la télédiffusion et
au cyber espace de l’Internet. En effet, les deux médias témoignent
d’un même souci de pallier au défaut majeur souvent imputé à la
communication de masse, c’est-à-dire son caractère unilatéral et
mono-géré, et donc l’impossibilité pour les destinataires d’y
participer effectivement. Ainsi, des mises en scène dynamiques et
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interactives donnent à ces derniers l’illusion d’agir vraiment, ou du
moins de participer librement à la communication alors qu’il s’agit
dans les faits d’une participation par procuration ou d’une
participation fortement contrainte parce que dûment planifiée par le
média.
4.
MÉDIAS
Les critiques à l’égard de la communication confondante
exploitée en particulier par la télévision se justifient certainement. En
règle générale, elles se situent dans le prolongement des thèses
idéalistes et normatives de l’École de Francfort et plus particulièrement de Habermas (1987 ; 1993). Ainsi, dénonce-t-on la tyrannie
des médias et les conséquences négatives de la spectacularisation et
de la marchandisation (certains parlent d’« américanisation ») de la
communication. En somme, les médias – télévision en tête – trahissent leur mission citoyenne première (celle qui en fait des relais dans
la construction de l’espace public) et contribuent à détendre les liens
sociaux au lieu de les affermir. Concurrence économique oblige, les
médias ne jouent plus leur « rôle [qui] ne consiste pas à faire
découvrir une nouvelle explication du monde, mais à mettre à la
portée du plus grand nombre en âge de citoyenneté les faits que celuici est censé ignorer et les explications qui sont données par d’autres,
plus ou moins spécialistes ou savants, sur le pourquoi et le comment
de ces événements » (Charaudeau, 1997 : 32).
Si les médias, dès leur origine (c’est-à-dire la presse régulière en
Hollande puis en Grande Bretagne au passage des XVIIe et XVIIIe siècles), vivent une tension permanente entre des enjeux citoyens et des
enjeux économiques, les seconds priment désormais largement sur les
premiers. Ainsi, les médias sont des acteurs économiques engagés
dans un marché de forte concurrence où l’intérêt du public passe
avant l’intérêt public. Plus précisément, les intérêts supposés des
usagers se confondent avec les intérêts manifestes des annonceurs. La
recherche de l’audience maximale constitue dès lors le souci essentiel. Et les audiences, justement, sont proprement « vendues à des
entreprises ou à des institutions procédant à des investissements
publicitaires » (Lochard et Boyer, 1998 : 8). Dans le même ordre
d’idées, Pierre Bourdieu, à la fois clairvoyant et pessimiste, souligne
le « mécanisme de circulation circulaire » propre au fonctionnement
des médias, c’est-à-dire
le fait que les journalistes qui, au demeurant, ont beaucoup
de propriétés communes, de condition, mais aussi d’origine
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et de formation, se lisent les uns les autres, se voient les uns
les autres dans des débats où l’on revoit toujours les mêmes
têtes, a des effets de fermeture et, il ne faut pas hésiter à le
dire, de censure aussi efficaces […] que ceux d’une
bureaucratie centrale, d’une intervention politique expresse
(Bourdieu, 1996 : 26).
Quant aux intervenants extérieurs aux médias, ils forment, toujours
selon Bourdieu, un « univers des invités permanents [qui] est un
monde clos d’inter-connaissance qui fonctionne dans une logique
d’auto-renforcement permanent » (Bourdieu, 1996 : 32).
En contre-point à ces critiques, on trouve par contre force
discours apologétiques qui vantent au contraire « les qualités
participatives et festives [des médias] : en rapprochant les hommes,
en leur offrant des mythes communs, une magie renouvelée, les
médias renoueraient les liens de la communauté » (Maigret, 2003 :
24). À la pseudo-communication (c’est-à-dire la communication
confondante qui est totalitaire), on oppose précisément un renouveau
de la communication dont les médias, par le truchement des nouvelles
technologies, seraient l’incarnation privilégiée. Pour Erik Neveu, il
semble que se développent dans les sociétés modernes une « pensée
et un discours communicationnels » qui érigent les médias et les
réseaux de communication en « armatures du lien social ». Les
médias sont « promesse de transparence, de démocratie, générateurs
de connexions qui brisent l’atomisation de la société de masse »
(Neveu, 2003 : 34). Plus précisément, « la société de communication
se définit comme procès de régression de la conflictualité. Elle
substitue le dialogue et la négociation à la contrainte ; elle crée les
conditions d’une société pacifiée par la réduction des inégalités de
savoir, de pouvoir, de responsabilité. Dans cet univers le conflit n’est
pas forcément impossible. Il est assurément suspect. Il viole la norme
communicationnelle pour réintroduire la brutalité de rapports de
force » (Neveu, 2003 : 81).
Ainsi, dans cette dernière optique, la vraie communication se
réalise dans et par les médias, et à la télévision plus souvent qu’à son
tour. Même si la radio dite de « proximité » y participe aussi (voir
Vincent et Turbide (dir.), 2004), le média télédiffusé offre une tribune
communicationnelle considérée comme inédite, car elle installe le
citoyen-lambda (c’est-à-dire monsieur et madame Tout-le-monde) à
la place de l’expert et du politique. Comme la délimitation entre
l’espace public et l’espace privé tend à se reconfigurer sous l’effet de
la représentativité du citoyen lambda, certains n’hésitent pas à parler
de renouveau démocratique. On peut distinguer trois étapes dans ce
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processus initié dès les années 1960, mais qui ne bat véritablement à
plein régime qu’aujourd’hui.
Dans un premier temps, la télévision, par l’intermédiaire des
émissions de type talk-show, offre au public présent sur le plateau un
accès direct à la discussion avec les professionnels de l’espace public
que sont les politiciens. On pousse le souci de participation citoyenne
jusqu’à permettre l’intervention, via le standard téléphonique, d’un
public externe, même si les appels sont filtrés. Dans un deuxième
temps, on assiste à l’intrusion puis à l’avènement d’un public non
expert sur la scène médiatique de la construction de l’espace public.
Selon Sonia Livingstone et Peter Lunt (1994 : 40-60), c’est même une
véritable antipathie pour les spécialistes, savants, experts, politiques
qui caractérise dès lors les talk-shows. En somme, l’expérience quotidienne des acteurs sociaux est érigée en modèle de représentativité de
l’opinion publique. Ceux-ci se racontent en toute simplicité et sincérité. Ils incarnent les réalités sociales mieux que les politiques en ce
qu’ils vivent au jour le jour les joies et les peines de l’être-ensemble
citoyen.
Selon Jane Shattuc (1997 : 5-6), la participation de ces gens ordinaires a pour fonction – médiatique – essentielle de représenter les
téléspectateurs. Ils constituent en quelque sorte la délégation d’un
public idéal : « an ideal audience that listens respectfully and asks the
questions (or guesses the answers) for the viewers at home ». Mais la
participation des gens ordinaires au débat public comporte aussi une
autre fonction qui détermine en retour une redistribution des rôles
sociaux joués par les médias. En effet, en tant que non-experts, les
participants aux talk-shows se limitent à produire des discours de sens
commun sous forme de témoignages poignants où l’émotion est à
fleur de peau. Les opinions exprimées se fondent dans des généralités
et sont en soi moins importantes (et pertinentes) que la performance
médiatique par laquelle elles sont rendues publiques.
En d’autres termes, le média devient comme un thérapeute
auquel on se confie. Thérapeute atypique cependant, incarné par
l’animateur/trice vedette des talk shows, dans la mesure où il/elle
s’ingère systématiquement dans le propos en adoptant tour à tour une
attitude « sympathique » envers le confident (voire empathique) et
des stratégies visant à exploiter le sensationnalisme du témoignage et
de la situation. D’une manière générale, le média crée un lieu pseudo
intime offrant une opportunité de dire qui ne serait peut-être pas saisie
ou demandée par l’intervenant ailleurs, parce que le média permet le
paradoxe de dévoiler l’expérience intime à un public de masse
anonyme. Si la télévision reste « un lieu d’exhibition narcissique »
(Bourdieu, 1996 : 11), celui-ci est désormais connoté positivement,
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même s’il apparaît manifestement que nous rejoignons les affres de la
communication confondante que nous évoquions au début de cette
introduction (voir Jost, 2001).
La boucle se boucle définitivement dès que l’on considère le rôle
des politiques dans ce processus. Il s’agit de la troisième étape
annoncée plus haut. Que « l’espace public [est] envahit par la quotidienneté » (Charaudeau et Ghiglione, 1997 : 73) affecte évidemment
la participation des politiques au débat public dans les médias.
D’abord, ceux-ci doivent apprendre à partager la scène médiatique
avec des « profanes » :
ainsi des artistes sont appelés à comparaître dans des
émissions très sérieuses (téléjournaux, magazines, débats).
Ils sont là dans un rôle de représentation sociale ambiguë :
loin du monsieur et madame Tout-le-Monde puisque ce sont
des personnes publiques, mais proches de celui-ci/celle-ci
par leur ignorance, leur « profanité » politique et leur statut
de citoyens (Charaudeau et Ghiglione, 1997 : 61).
Ensuite, les politiques doivent apprendre à paraître médiagéniques en maîtrisant les genres médiatiques et plus particulièrement « les » langues de médias (voir Fairclough, 1998). En des
termes assez forts, Erik Neveu résume parfaitement le travers majeur
de la société de communication pour les politiques :
dans une société libérée des idéologies et des illusions
épiques, la politique n’aurait ni plus ni moins d’importance
que le fait divers ou les soucis privés. Privés de leur piédestal par l’indifférence des regards, les hommes politiques se
trouveraient dans l’obligation de se livrer à des gesticulations pour susciter l’écoute. Les mises en scène télévisées
qui les exhibent à contre-emploi ou sur des registres intimistes sont à la fois le prix à payer pour susciter l’attention,
prévenir l’équivalent du zapping dans l’ordre des préoccupations sociales, et le terrain d’une glissade dans la
déchéance burlesque du politique (Neveu, 2003 : 80).
D’où l’idée que ce sont les « conditions [mêmes] de la compétition
politique » (Neveu, 2003 : 95) qui se modifient (voir également
Charaudeau, 2005).
5.
ARGUMENTATION
L’argumentation constitue précisément l’une de ces conditions,
peut-être même la condition essentielle. On peut poser, à la suite de
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Philippe Breton, que l’argumentation « appartient à la famille des
actions humaines qui ont pour objectif de convaincre [et] dont la
spécificité est de mettre en œuvre un raisonnement dans une situation
de communication » (Breton, 1996 : 3-4). Dans ce sens, l’argumentation n’a rien à voir avec l’idée de vérité ; par contre, argumentation
et opinion ont partie liée. Pour Breton, cette dernière, ne se comprend
pas comme « une croyance molle ou une vérité peu rigoureuse, mais
[constitue] bien la matière de notre vie quotidienne, le ciment de notre
adhésion à la vie et le fondement de nos choix les plus essentiels ».
Par exemple, « la croyance dans les vertus de l’égalité, qui fonde
beaucoup de choix dans tous les domaines (en politique, l’égalité des
votes), n’est ni une vérité ni une fausseté, c’est une opinion forte »
(1996 : 8). En synthèse, argumenter « c’est raisonner, proposer une
opinion à d’autres en leur donnant de bonnes raisons d’y adhérer »
(1996 : 16). Argumenter « c’est aussi choisir dans une opinion les
aspects essentiels qui la rendront acceptable pour un public donné »
(1996 : 20). Enfin, dans le même ordre d’idées, argumenter « c’est
aussi affirmer concrètement que tout n’est pas manipulation de la
pensée ou raison déshumanisée » (1996 : 22).
L’argumentation suppose par conséquent tout autant la communication et « les » langues1. L’argumentation a trait à la communication
puisqu’elle engage un émetteur à ses destinataires en s’appuyant sur
une réalité sociale. Celle-ci est exposée selon un point de vue présenté
comme supérieur à d’autres points de vue moins pertinents. Dans ce
sens, toute argumentation est polémique. Elle suppose une contreargumentation qui virtuellement la conteste. L’argumentation a par
conséquent aussi trait aux langues puisqu’il ne saurait y avoir de mise
en forme d’un raisonnement et de négociation de points de vue sans
les mots des langues.
1. Ces deux dimensions essentielles ne peuvent être détaillés tant la
littérature qu’elles ont suscitée est immense. En outre, comme chacun des
contributeurs à cet ouvrage en détaille un aspect particulier, il est inutile
même de tenter l’exercice. On peut cependant rappeler avec Christian Plantin
(1996) trois axes de réflexion majeurs. D’abord, l’argumentation remonte aux
sophistes avant qu’Aristote n’en fasse la pierre de touche de son édifice
rhétorique. Plus récemment, la « nouvelle rhétorique » de Perelman et
Olbrechts-Tyteca (1958) dresse un inventaire des procédés argumentatifs en
articulant visée communicationnelle, raisonnement et langage. Enfin, aux
préoccupations des philosophes et du juriste, s’ajoutent celle du linguiste. Les
travaux de Ducrot (1980), et d’Anscombre et Ducrot (1977) montrent de
manière convaincante comment le sens même des mots « des » langues
comporte une valeur argumentative, c’est-à-dire oriente le raisonnement
interprétatif.
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Mais l’argumentation a par là même aussi trait à la citoyenneté et
in fine aux médias. Seule l’argumentation, qui est négociation, rend
le débat public possible, qu’il s’agisse du débat spécialisé des parlementaires, par exemple, ou du débat informel et quotidien des
citoyens entre eux. Or, comme ils sont au centre de la construction de
l’espace public, les médias constituent un lieu et un mode de communication privilégié de l’argumentation. Les médias ne sauraient être
vierges d’argumentation. En fait, admettre l’actualité de la communication confondante, c’est envisager que les médias jouent un rôle
complexe et qu’ils déterminent l’argumentation elle-même. Pensés
comme des « relais » des réalités sociales, les médias seraient plutôt
un facteur encourageant l’argumentation. La qualité et la justesse de
celle-ci dépendraient d’enjeux sociaux et politiques exprimés par des
acteurs extérieurs à la scène médiatique où la logique civique constituerait le principe régulateur. À l’inverse, pensés comme des créateurs
de réalités, les médias représenteraient plutôt une entrave à
l’argumentation. Déjà appauvrie par les exigences de la logique
commerciale qui régit la scène médiatique, l’argumentation serait en
outre contrôlée, voire systématiquement occultée par certains acteurs
médiatiques : journalistes et animateurs vedettes, au profit de leur
seule visibilité.
Évidemment, le jeu des médias ne porte pas sur l’un ou l’autre
des cas de figure évoqués, mais oscille constamment entre les deux
en des combinaisons où l’un puis l’autre semble temporairement
dominer. De même, l’enjeu n’est pas l’un ou l’autre des types d’argumentation, mais concerne autant l’argumentation spécialisée (celle
des politiques) que l’argumentation ordinaire (celle des citoyens
lambda). Deux contraintes majeures pèsent cependant sur la qualité
de l’argumentation en général dans les médias, celle du temps
médiatique et celle de la spectacularisation. Pour Bourdieu (1996 :
13) prenant position vis-à-vis de la télévision, la « limitation du temps
impose au discours des contraintes telles qu’il est peu probable que
quelque chose puisse se dire » ; entendons par là qu’une argumentation, c’est-à-dire un discours d’opinion ancré dans la raison, ne peut
se développer. Cette remarque vaut assurément aussi pour l’espace
rédactionnel disponible dans la presse écrite. Quant à la contrainte de
spectacularisation liée aux enjeux commerciaux, elle a pour effet,
selon Livingstone et Lunt (1994 : 150-160) de favoriser les appels à
l’émotion au détriment du raisonnement, de même que de diviser,
fragmenter et pluraliser l’argumentation afin de rendre plus attractive
la performance médiatique rendue plus dynamique.
En somme, il semble que la réalité des médias modernes force à
reconsidérer les conditions de l’argumentation. L’argumentation
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existe-t-elle per se ? Si on admet que toute argumentation opère un
cadrage de la réalité sur lequel elle s’appuie pour se développer, alors
il n’est pas indifférent de se demander si les genres de communication
ainsi que les genres de discours ne représentent pas également des
contraintes majeures. Par exemple, il est peu probable qu’on argumente de la même manière dans un débat médiatique, lors d’un
conseil d’administration et dans le cours d’une discussion en famille.
Pour s’en tenir aux genres pratiqués par les médias, il semblerait bien
qu’on doive distinguer entre une argumentation propre à l’éditorial et
celle propre au débat, celle de la chronique, celle de l’interview ou
encore celle du billet d’humeur, par exemple.
De même, si on admet que l’argumentation implique la rationalité, c’est-à-dire un discours dominé par le logos aristotélicien, on
peut légitimement se demander quelle est la part des autres dimensions observées par la rhétorique dans l’ensemble d’un développement argumentatif. Ainsi, argumente-t-on vraiment sans jamais
recourir à un discours empreint de pathos (c’est-à-dire faisant appel
aux sentiments des destinataires) et sans rendre sensible un ethos
particulier (c’est-à-dire la construction discursive d’une certaine
image de soi comme sujet communicant) ? Comment ces dimensions
se combinent-elles dans un seul et même discours ? À cela s’ajoute la
problématique de la construction conjointe et interactive de l’argumentation. Comment l’argumentation elle-même se négocie-t-elle
dans une situation de communication en fonction des réactions pas
toujours prévisibles des contradicteurs ? Quelles sont les dynamiques
communicationnelles qui affectent l’argumentation et selon quelles
modalités ?
Les contributions qui suivent proposent chacune un élément de
réponse à ces questions avec en filigrane ou comme thématique
centrale la problématique du déplacement actuellement manifeste des
limites de l’espace public et de l’espace privé, et le rôle des médias
dans ce déplacement. Plutôt que de traiter de l’argumentation en
général, il a paru plus intéressant et pertinent de prendre pour cible
des sujets argumentateurs particuliers, « leurs » langues et « leurs »
stratégies de communication, qu’il s’agisse de spécialistes institutionnellement reconnus ou au contraire des citoyens lambda que nous
avons précédemment évoqués et qui jouent un rôle essentiel. À leur
propos, Guylaine Martel (2000 : 155) observe que « la complexité et
la finesse des réalisation discursives par lesquelles ils concrétisent, de
façon spontanée, les divers mouvements de la pensée, de même que
la cohérence de leurs articulations, témoignent de l’indéniable
compétence des usagers à verbaliser l’expérience intellectuelle
quotidienne qui consiste à raisonner ». De fait, les corpus analysés
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par les contributeurs semblent montrer que cette maîtrise de la « rhétorique naturelle » fait sinon figure de modèle du moins influence
sensiblement les professionnels de la gestion de l’espace public que
sont les politiques.
L’enjeu des contributions, qui s’ancrent la plupart dans le
domaine politique, a consisté à définir des manières d’argumenter en
fonction de la relation entre une visée particulière (de quoi cherche-ton à convaincre ?), des stratégies (par quels moyens convainc-t-on ?)
et un genre médiatique (le genre du clip électoral, le genre débat, le
genre éditorial). Toutes les contributions articulent clairement la
dimension communicationnelle et la dimension linguistique de
l’argumentation dans les médias. Toutes prennent peu ou prou
position quant aux modalités théoriques et méthodologiques de cette
articulation et, partant, de la relation entre les sciences de la communication et les sciences du langage. Quant à la problématique générale
qui sous-tend le propos, à savoir les rapports entre la construction de
l’espace public et de l’espace privé dans et par la communication et
l’argumentation, seules des pistes permettant d’aiguiser la réflexion
sont tracées : renouveau ou perversion de la rationalité citoyenne ?
Régénération ou invasion délétère de l’arène publique par le fait
divers quotidien ? Aux lecteurs évidemment de se faire leur propre
opinion.
*
*
*
Cet ouvrage est né de l’intention commune d’expliciter l’apport
des théories linguistiques et des théories de l’argumentation aux
études en communication publique médiatisée. Huit textes ont été
réunis qui s’inscrivent dans des perspectives théoriques ou
méthodologiques différentes, mais conciliables à l’intérieur de ce
qu’il est maintenant convenu d’appeler les « sciences du langage »,
un regroupement dont la conception « devrait permettre le dialogue
entre les sciences ou disciplines du texte et de la communication »
(Adam, p. 76). Dans tous les cas, les auteurs insistent sur la nécessité
d’appréhender l’argumentation en fonction de la situation de
communication. Aucun raisonnement n’étant « mauvais ou faux dans
l’absolu », « le jugement sur la validité d’une argumentation doit se
faire dans le cadre d’une situation de communication et de l’enjeu qui
la caractérise » (Charaudeau, p. 41).
Les connaissances nouvelles qu’apportent chacun de ces articles
sur différents enjeux de communication médiatique reposent sur une
analyse fine des procédés, mécanismes ou concepts relevant des
théories de l’argumentation. La manière d’articuler ces approches
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plus linguistiques en termes de « genre communicationnel […] est
essentielle pour la compréhension des langues et des mécanismes du
langage en général, et ceux des sciences de la communication »
(Breton, p. 109).
Les huit textes rassemblés ici se distinguent les uns des autres
quant à l’exploitation des théories de l’argumentation sur différents
genres médiatiques ; en revanche, de nombreux points communs en
émergent qui donnent sa cohérence et sa pertinence à l’ouvrage. On
note au premier chef que, quelle que soit l’origine scientifique des
auteurs, tous se réclament du modèle classique d’Aristote ou de la
nouvelle rhétorique de Perelman. Parmi les divers emprunts
théoriques au modèle aristotélicien, tous les auteurs conviennent de
distinguer ce qui relève de la raison de ce qui relève de la passion.
« La gestion du logos (usage des arguments), de l’ethos (présentation
de l’orateur) et du pathos (émotion suscitée dans l’auditoire) se subordonnent aux possibilités et aux limites du cadre générique sélectionné » (Amossy, p. 213). Les résultats révèlent la prépondérance
des recours argumentatifs liés au pathos au détriment du logos, le
discours public s’adressant au sentiment plus qu’à la raison. Certains
tendent à interpréter ce « déséquilibre » comme une « carence
argumentative » qui en quelque sorte « avilirait l’espace public »
(Gauthier, p. 143, 144). D’autres, en revanche, affirment que, si « peu
[de propositions] satisfont aux exigences d’une argumentation rigoureuse […], toutes semblent immédiatement intelligibles, limpides,
éloquentes et, surtout, empreintes de bon sens » (Nguyên-Duy et
Cotte, p. 165). Malgré la sophistication des moyens de médiatisation
qui caractérise notre époque, la communication publique demeure le
lieu privilégié d’expression du lieu commun, de la doxa, des
croyances et des valeurs partagées.
Dans son ensemble, Argumentation et communication dans les
médias aborde les théories de l’argumentation comme étant le lieu de
construction et d’organisation par excellence de la communication.
« Selon ce qu’ils connaissent et se représentent du comportement
verbal associé à ces situations, les individus choisissent, avec beaucoup de pertinence d’ailleurs, les formes discursives qui conviennent
le mieux à ce qu’ils ont à exprimer » (Martel et Turbide, p. 187).
« C’est dans et par le discours que les communicateurs se définissent
les uns les autres, qu’ils agissent sur l’auditoire, qu’ils ancrent la
discussion dans la problématique de communication » (Burger, p. 5657).
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