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Michael SCHUMACHER
 M.SCHUMACHER
Ferrari
David COULTHARD
 D.COULTHARD
McLaren Mercedes
Nick HEIDFELD
 N.HEIDFELD
Sauber Petronas

666th Grand Prix

XXX Grande Premio do Brasil
Very changeable
Interlagos
Sunday, 1 April 2001
71 laps x 4.309 km - 305.939 km
Affiche
F1
Coupe

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Driver
Constructor
Engine

La complainte de Rubinho

Comme chaque année à l'orée du Grand Prix du Brésil, Rubens Barrichello est au cœur de l'attention. Et d'autant plus cette année, puisqu'à Sepang, il a critiqué ouvertement son coéquipier Michael Schumacher pour la première fois depuis son arrivée chez Ferrari, voici un peu plus d'un an. Le Pauliste n'a pas apprécié d'avoir été dépassé « au forceps » par celui-ci sur la patinoire malaise. Une fois à São Paulo, le héros local ne peut pas reculer devant ses supporteurs enfiévrés. « Il n'avait pas le droit de me passer comme ça ! » réaffirme-t-il. Peut-être épuisé par un vol long-courrier depuis la Malaisie, Barrichello, las, vide son sac: « Je refuse la perspective d'être deuxième pilote toute ma carrière. À Maranello, ils sont exactement 550 à travailler systématiquement pour Michael, et aucun pour moi. Certes, Michael est entré chez Ferrari en 1996, mais cela n'empêche pas que je pourrais être mieux traité. Au fond, je suis comme un élève qui redouble une classe... » Mais si l'opinion publique brésilienne cautionne facilement ces propos, Barrichello ne convainc pas ses pairs. Le caustique Nelson Piquet ouvre le feu: « Barrichello a tort de se plaindre. Schumacher est trop fort pour ses équipiers. Je suis bien placé pour le savoir ! Quoiqu'il en soit, Rubens est un n°2. Il a tort de se croire meilleur qu'il n'est. Et puis, il devrait savoir comment fonctionne la Formule 1. » Eddie Irvine ne plaint pas son successeur chez Ferrari: « Barrichello devrait admettre qu'il ne gagnera jamais un Grand Prix tant que Schumacher sera là ! »


Néanmoins, les complaintes de Barrichello contraignent Jean Todt à frapper du poing sur la table. Le Français se souvient comment Eddie Irvine a pourri l'ambiance au sein de la Scuderia en 1999 avec le même genre de discours. Cela ne doit pas se reproduire. Todt s'en ouvre à Ross Brawn: « Si Michael a des observations à formuler, il le fait en interne. Rubens, lui, parle au-dehors. Il a tort. » Ainsi, le directeur de Ferrari va donner une leçon à Barrichello. Il lui interdit de participer au célébrissime talk-show Mais Você, diffusé sur Rede Globo. « M. Barrichello est contractuellement obligé de n'évoquer que des sujets extérieurs à la F1 », précise une télécopie provenant de Maranello. « Rubinho » a compris le message. Il doit se la fermer. Lors du week-end, il se contentera donc d'évoquer - une énième fois - la mémoire de son mentor Ayrton Senna, jouera au golf avec le footballer Ronaldo, en convalescence après une grave blessure au genou, et présentera un casque aux couleurs brésiliennes. Quant à Michael Schumacher, il ne commente pas les propos de son équipier. « Rubens est un Sud-Américain chaleureux », lâche-t-il en guise d'amabilité. L'affaire se réglera le jeudi soir lors d'un dîner regroupant Barrichello, Schumacher, Todt, Brawn et le directeur sportif Stefano Domenicali.


Présentation de l'épreuve

Contrairement à son équipier, Michael Schumacher arrive très serein au Brésil. Il reste sur une belle série de six succès d'affilée qui lui permet d'approcher le record de neuf victoires consécutives établi en 1952-1953 par Alberto Ascari, déjà sur Ferrari. Mais l'Allemand prétend se moquer des chiffres. D'ailleurs, l'histoire de son sport ne l'intéresse guère... Le leader du championnat préfère profiter de son séjour brésilien. Il fait un crochet par Rio de Janeiro pour une partie de football prestigieuse dans le mythique stade du Maracanã. Il côtoie sur la pelouse des légendes comme Zico et Jairzinho, ou des vedettes actuelles tels Bebeto et Ronaldo. Puis Schumacher disparaît pendant trois jours à Copacabana. Ne croyons pas qu'il néglige sa préparation physique: footing, vélo et musculation sont au programme, entre deux promenades sur la plage avec Corinna.


McLaren-Mercedes vit une mini-crise. En effet, pour la première fois depuis trois ans, la nouvelle Flèche d'Argent, la MP4/16, ne paraît pas en mesure de se battre contre Ferrari. « Nous avons un retard à combler », admet sobrement Ron Dennis. « Nous n'avons pas progressé autant que nous le croyions », ajoute Norbert Haug. Les journalistes notent avec étonnement l'absence du directeur technique Adrian Newey qui avait été convoqué par Mercedes à Stuttgart après le piteux GP de Malaisie. L'ingénieur est-il resté en Angleterre pour préparer les futures évolutions ? Ni Dennis ni Haug ne donneront de réponse. En tout cas, la MP4/16 reçoit de nouveaux éléments aérodynamiques pour accroître les appuis qui lui faisaient défaut jusqu'ici. Mika Häkkinen (un point au compteur après deux courses...) se veut donc optimiste: « La voiture a de nouvelles solutions aérodynamiques et le moteur est plus puissant. On est dans la bonne direction. »


Avec Rubens Barrichello, pas moins de quatre Brésiliens sont engagés au départ de ce Grand Prix de São Paulo. Mais les néophytes Luciano Burti et Enrique Bernoldi, comme le méconnu Tarso Marques, ne soulèvent guère les foules. En revanche, les Colombiens sont venus en masse encourager Juan Pablo Montoya, leur premier représentant en Formule 1 depuis Roberto Guerrero dans les années 80. Et le natif de Medellín ne manque pas d'ambitions. Après deux premiers week-ends encourageants, il espère bien inscrire ses premiers points au Brésil, et en découdre avec les meilleurs. « Je pense que personne n'est imbattable », clame-t-il lorsqu'on l'interroge sur Michael Schumacher. Le triple champion du monde est en effet à la fois son maître-étalon et sa cible désignée. Montoya s'abstient d'ailleurs de tout contact lui. Les deux hommes ne se sont encore jamais adressé la parole ! Le jeune Colombien est accompagné ici par sa compagne Connie Freydell et son père Pablo, lequel fut jadis un estimable pilote de karting. Montoya Sr. aime rappeler qu'il a disputé trois championnats du monde de karting contre Ayrton Senna et Stefano Modena. Et il a initié son fils dès son plus jeune âge. « Juan Pablo a pris le volant d'un kart à 4 ans » lance-t-il, avant de prédire, admiratif, que celui-ci ne tardera pas à gagner en F1.


Pour la première fois depuis six ans, Pedro Diniz assiste au GP du Brésil en spectateur. L'ancien pilote s'est reconverti en homme d'affaires et a joué un rôle-clé dans la survie de Prost GP. Grâce à la fortune de son père Abilio, il a cautionné l'achat du V10 Ferrari client en échange de 40 % du capital de l'écurie. Depuis, Diniz évolue à Guyancourt sans avoir de fonctions bien définies. Mais les choses pourraient évoluer. Abilio Diniz, propriétaire de la chaîne de distribution Pão de Açúcar, n°1 au Brésil, a déclaré que lui et son fils ne sont contenteraient pas du rôle de « sleeping partner » chez Prost GP. Pour le moment, Diniz Jr. se contente de recevoir un invité de marque dans le garage Prost: Pelé himself. Le dieu du football n'a pas choisi cette équipe au hasard: lui et Alain Prost viennent de signer un contrat d'exclusivité avec PSN... le partenaire n°1 de Prost GP.


Hélas, cette 30e édition du Grand Prix du Brésil met en lumière toutes les impérities d'une organisation que l'on sait défectueuse depuis belle lurette. La liste des incidents recensés est longue. Commençons par la piste. Des travaux de réfection de bitume ont été engagés. Lorsque le paddock débarque, le circuit d'Interlagos est encore envahi de gravats et de pelleteuses. Le résultat est déplorable. Envoyé en mission d'inspection trois jours avant les premiers essais libres, Jos Verstappen, Enrique Bernoldi et Tarso Marques rendent un rapport salé. David Coulthard exprime peu après ses sentiments sans prendre de gants: « C'est à croire que personne ne sait couler de l'asphalte dans ce pays ! Il y a toujours autant de bosses et de crevasses. La ligne droite a été si mal refaite qu'on ne peut pas même y garder sa ligne ! » Le directeur du site Carlos Roberto Montagner se contente de répondre qu'il y a les mêmes bosses à Silverstone et Magny-Cours...


Mais il y a pire. L'insécurité règne sur São Paulo et malheur aux imprudents qui quittent le périmètre du circuit... Petit florilège: un mini-bus transportant des membres de Williams-BMW est attaqué en plein centre-ville, des dirigeants de Minardi se font agresser, une multitude de vols sont commis par des pickpockets... Et les (faibles) protections du circuit n'arrêtent point les margoulins. D'importants larcins sont commis la nuit dans le paddock. Disparaissent ainsi chez Jaguar une demi-douzaine d'ordinateurs, des téléphones mobiles et surtout la grosse unité destinée à la télémesure. Le matériel électronique de Minardi est également « visité ». Les installations de l'agence nationale des télécommunications sont seabotées. Même les objets sont dangereux: après la chute des panneaux publicitaires sur la piste en 2000, voici l'effondrement d'une lourde caméra mobile de TV Globo dans le stand Jaguar ! L'objet s'écrase à un cheveu de Bobby Rahal... Par ailleurs, les journalistes poursuivent Agnes Kaiser, la déléguée presse de la FIA: il pleut dans la salle de presse, située au dernier étage du bâtiment principal !


Pour que le panorama soit complet, le paddock est si étroit que les deux manufacturiers de pneumatiques sont cantonnés dans un sinistre boyau à l'extrémité des stands ! Les quatre mille et quelques pneus amenés par Bridgestone et Michelin sont entassés côte à côte, sans aucun souci de confidentialité. Ainsi, pour accéder chez Michelin, il faut contourner les produits Bridgestone, sous l'œil suspicieux des vigiles... « À ce point-là, cela revient à institutionnaliser l'espionnage industriel ! », ironise Pierre Dupasquier. Son homologue japonais Hiroshi Yasukawa est tout aussi furieux. Les deux dirigeants préviennent Roberto Montagner et le promoteur Tamas Rohonyi qu'ils ne toléreront pas pareille situation en 2002. Leurs récriminations atteignent bien sûr Bernie Ecclestone qui sermonne les organisateurs. Si pareilles impérities se reproduisent l'année suivante, Interlagos sera rayé du calendrier !


Quelques semaines après avoir été évincé par Prost GP, le jeune aérodynamicien français Loïc Bigois rebondit chez Minardi. Il y occupera les fonctions de directeur de l'aérodynamisme, sous la responsabilité du directeur technique Gustav Brunner. Voilà une bonne recrue pour la petite écurie italienne, sauvée d'extrême justesse par Paul Stoddart, et qui malgré ses faibles moyens propose cette année une PS01 d'une grande finesse. Si seulement elle n'était pas « propulsée » par un V10 Ford-Cosworth vieux de trois ans...


McLaren recherche beaucoup d'appui pour l'avant de sa MP4/16, d'où la présence sur l'aileron d'un profil sinueux surchargé de deux dérives, une solution inspirée de Ferrari. Pas moins de trois autres types d'ailerons avant sont présents ici. La McLaren reçoit aussi un lest sous le becquet et de nouveaux déflecteurs latéraux. Ferrari a modifié l'aileron arrière et les écopes de frein de sa F2001. Deux déflecteurs, très incurvés vers l'extérieur, apparaissent derrière les roues avant de la Williams-BMW. Son aileron arrière est désormais un biplan avec une corde importante et un troisième élément supérieur situé sur le bord d'attaque. La Jaguar R2 est munie d'un nouvel aileron avant et de gros déflecteurs derrière les roues antérieures. La BAR a perdu ses ailettes de part et d'autre du cockpit et ses échappements ont été redessinés pour éviter d'inquiétantes surchauffes du moteur Honda. La Prost AP04 est retouchée au niveau de l‘aileron avant et de la suspension arrière. La Benetton-Renault arbore des pontons abaissés, un aileron avant inspiré par Ferrari et un capot moteur plus étroit. Cette configuration est vite abandonnée car elle réduit la vitesse de pointe, déjà faible, de la B201. Enfin, Arrows se singularise en plaçant deux minuscules ailerons au-dessus du feu rouge, interprétant ainsi à la lettre le règlement imposant au moins un profil dans cette zone.


Essais et qualifications

Les essais du vendredi se déroulent sous le soleil. Les McLaren se montrent à leur avantage, et Coulthard réalise le meilleur chrono de la journée (1'15''220''') devant Trulli et M. Schumacher. Samedi matin, Montoya se distingue par un superbe chrono (1'13''963''') et devance les deux McLaren. M. Schumacher est seulement cinquième, mais il n'a utilisé qu'un seul jeu de pneus.


L'après-midi, toujours sous le soleil, M. Schumacher domine la séance d'essais et réalise sa septième pole position consécutive (1'13''780'''), la troisième en 2001. Derrière, les écarts sont très serrés. Barrichello, seulement sixième à cause d'un sous-virage, est à seulement 1/10e de la première ligne. Celle-ci est complétée par R. Schumacher (2e), certes relégué à 3/10e de son aîné, mais qui offre à BMW et Michelin leur première première ligne depuis leur retour en F1. Pour la première fois, deux frères occuperont cet échelon. Sur l'autre Williams, Montoya sort de la route alors qu'il était en passe de signer le meilleur temps. Le Colombien saute dans son mulet et arrache tout de même une belle quatrième place. Les McLaren-Mercedes déçoivent, mais Häkkinen (3e) et Coulthard (5e) ont rencontré beaucoup de trafic. Jordan doit changer les moteurs Honda de ses deux bolides avant les qualifications. Dans ces conditions, leur quatrième ligne (Trulli 7e, Frentzen 8e) est satisfaisante.


Les Sauber-Petronas confirment leur bonne forme et Heidfeld (9e) devance Räikkönen (10e) après un rude duel. Pour la première fois de l'année, Panis (11e) précède Villeneuve (12e), mais l'un comme l'autre trouvent leur BAR-Honda trop instable. Chez Jaguar, Burti (14e) se qualifie à seulement 1/10e de son équipier Irvine (13e). Les Prost-Acer sont assez décevantes. Au moins Alesi (15e) est-il épargné par les pépins techniques. Mazzacane (21e) est encore surclassé par son équipier. Bernoldi (16e) parvient à placer son Arrows-Asiatech devant celle de Verstappen (17e) qui se plaint de survirage. Les Benetton pâtissent ici de la faiblesse de leur nouveau V10 Renault. Fisichella (18e) et Button (20e) n'émergent pas. Alonso décroche une jolie 19e place avec sa Minardi-European. Victime d'un souci de moteur avant les qualifications, Marques (22e) ferme la marche.


Le Grand Prix

Le warm-up a lieu sous le soleil, mais de gros nuages pointent à l'horizon en fin de séance. M. Schumacher ne cesse de changer de voiture mais établit le meilleur temps (1'15''971'''). Une grosse sortie d'Alonso est le seul incident de cette séance.


Un peu plus tard, le Grand Prix démarre sous un ciel chargé et la météo prédit des orages. Reste à savoir si ceux-ci auront lieu en début ou en fin d'épreuve. La plupart du peloton prévoit un unique ravitaillement, Michelin et surtout Bridgestone ayant amené des composés durs. Les Ferrari et les BAR ont cependant prévu deux pit-stops. Barrichello encaisse un premier coup dur lorsque son moteur se coupe lors de son tour de mise en grille. Il devra partir avec la voiture de réserve. Marques prend le mulet Minardi suite à une panne d'embrayage.


Départ: Suite à un souci d'embrayage, Häkkinen cale son moteur peu avant l'extinction des feux. Il est trop tard cependant pour annuler le départ qui est donné alors que le Finlandais agite les bras pour prévenir le peloton. M. Schumacher démarre très bien, contrairement à son cadet qui se fait doubler par Montoya, puis par Coulthard et Trulli. Par bonheur, tout le monde évite la McLaren d'Häkkinen.


1er tour: Häkkinen quitte son habitacle très vite, en oubliant de replacer le volant sur son moyeu (ce qui lui vaudra une amende). Mais comme sa machine est immobilisée en pleine piste, la voiture de sécurité intervient. M. Schumacher devance Montoya, Coulthard, Trulli, R. Schumacher, Frentzen, Barrichello, Villeneuve, Heidfeld et Räikkönen.


2e: Le peloton se range derrière la Safety Car. Les commissaires évacuent avec célérité la McLaren d'Häkkinen, ce qui permet à la voiture de sécurité de regagner les stands dès la fin de cette boucle. Au redémarrage, Montoya prend l'aspiration de M. Schumacher.


3e: Le drapeau vert est agité. Montoya se laisse aspirer par M. Schumacher, plus plonge très hardiment à l'intérieur du premier tournant. Son freinage est très tardif. Schumacher est surpris, les roues avant des bolides se frôlent, mais Montoya insiste et s'impose lorsque Schumacher met deux roues dans la terre au deuxième tournant. Quel culot de la part du Colombien ! Un peu plus loin, dans la seconde ligne droite, R. Schumacher tente de déborder Trulli par la gauche, puis par la droite, en vain. Lorsqu'il reprend sa ligne, l'Allemand est harponné par Barrichello qui a complétement raté son freinage. La roue avant-gauche de la Ferrari s'envole, de même que l'aileron arrière de la Williams. Barrichello atterrit en tête-à-queue dans le bac à graviers tandis que Schumacher cadet rentre aux stands à petite allure.


4e: Montoya est en tête avec quelques dixièmes d'avance sur. M. Schumacher. Viennent ensuite Coulthard, Trulli, Frentzen, Villeneuve, Heidfeld, Räikkönen, Irvine et Alesi. R. Schumacher rejoint le stand Williams pour changer de pneus et recevoir un nouvel aileron arrière, opération qui va prendre plus de cinq minutes. La Ferrari de Barrichello est tractée hors circuit.


5e: M. Schumacher est sur les talons de Montoya, mais la vitesse de pointe de la Williams-BMW est plus élevée que celle de la Ferrari. Coulthard roule à moins de deux secondes de ce duo.


6e: Irvine se plie à un « stop-and-go » de 10 secondes car ses mécaniciens sont restés trop longtemps sur la grille. Panis prend la neuvième place à Alesi.


8e: Montoya devance M. Schumacher (0.6s.), Coulthard (1.8s.), Trulli (7s.), Frentzen (10.7s.), Villeneuve (11.3s.) et Heidfeld (12.3s.). Très rapide après un départ manqué, Panis déborde Räikkönen. R. Schumacher reprend la piste avec quatre tours de retard.


9e: Villeneuve est sur les talons de Frentzen. Panis prend la septième place à Heidfeld et rejoint son équipier Villeneuve.


10e: Sept dixièmes séparent Montoya et Schumacher. Coulthard garde le contact avec ces derniers.


12e: Villeneuve est le premier pilote à ravitailler. Il fait aussi vérifier son différentiel (13s.). Le Québécois tombe au 19e rang.


13e: Montoya précède M. Schumacher (0.7s.), Coulthard (1.7s.), Trulli (11s.), Frentzen (15.5s.), Panis (17s.), Heidfeld (18s.), Räikkönen (19.5s.), Alesi (21s.) et Verstappen (26s.).


15e: Panis dépasse Frentzen sur la ligne de chronométrage et conquiert ainsi la cinquième place. Villeneuve réalise un beau dépassement sur Irvine, par l'extérieur à l'entrée du S.


16e: Bernoldi rentre au stand Arrows et renonce suite à une défaillance de sa sélection de vitesses. Le jeune Brésilien était 13e.


17e: L'intervalle est stable entre Montoya et M. Schumacher. L'Allemand est plus rapide dans la portion sinueuse, mais dans la longue pleine charge le Colombien est souverain grâce à la cavalerie BMW. Bon dernier, R. Schumacher est le plus rapide en piste.


18e: Quelques gouttes de pluie tombent dans la partie haute du circuit. Léger en essence, Panis remonte sur Trulli.


19e: Montoya devance M. Schumacher (0.9s.), Coulthard (2.2s.), Trulli (18s.), Panis (18.4s.), Frentzen (25.5s.), Heidfeld (26.5s.), Räikkönen (27.7s.), Alesi (33s.), Verstappen (41s.), Burti (42s.) et Fisichella (43s.).


21e: Montoya tourne en 1'17''132''' et repousse Schumacher à plus d'une seconde. Panis déborde Trulli par l'intérieur au premier tournant. Voilà le Français quatrième.


22e: Montoya continue d'attaquer (1'16''770''') et compte désormais une seconde et demie d'avance sur Schumacher


24e: Montoya possède maintenant deux secondes d'avance sur Schumacher. C'est pourtant l'Allemand qui est le plus léger en essence. Coulthard est relégué à trois secondes et demie.


25e: Alesi ravitaille chez Prost. Hélas, sa pompe à essence tarde à fonctionner, et l'Avignonnais ne repart qu'au bout de 24 secondes.


26e: M. Schumacher opère son premier pit-stop (9.6s.) et reprend la piste en cinquième position, derrière Trulli. Arrêt aussi de Mazzacane.


27e: Montoya compte trois secondes d'avance sur Coulthard, pendant que Schumacher bute derrière Trulli. Alonso abandonne à cause d'une panne électronique (potentiomètre d'accélérateur).


28e: Schumacher déborde Trulli par l'intérieur au freinage du S. L'Allemand concède 30 secondes à Montoya. En fin de tour, ce dernier est gêné par le retardataire Marques.


29e: Montoya cravache, quitte à effectuer un sérieux travers dans la portion sinueuse. Panis passe chez BAR pour son premier pit-stop (8.4s.) et ressort derrière les Sauber. Button ravitaille aussi et cale au redémarrage. Il redémarre à la poussette au bout de deux minutes.


30e: Montoya abaisse le record du tour (1'16''629''') et exécute parfaitement sa partition pour ressortir devant Schumacher après son ravitaillement. Une stratégie « à la Schumacher », en quelque sorte.


31e: Burti abandonne car une fuite de liquide de refroidissement fait surchauffer son V10 Ford.


32e: Il pleuviote toujours au-dessus des tribunes et le mercure tombe. Montoya précède Coulthard (4.3s.), M. Schumacher (31s.), Trulli (37s.), Frentzen (40s.), Heidfeld (41s.), Räikkönen (43s.), Panis (51s.), Verstappen (1m. 05s.) et Fisichella (1m. 06s.).


34e: Montoya compte cinq secondes de marge sur Coulthard, trente-deux secondes sur M. Schumacher. Villeneuve (11e) s'offre un passage dans l'herbe dans la courbe du lac.


36e: Montoya se rapproche de Verstappen et Fisichella, en grande bagarre pour la neuvième place.


37e: Des éclairs strient le ciel de São Paulo. L'orage approche... Montoya devance Coulthard (5.2s.), M. Schumacher (33.4s.), Trulli (43s.), Frentzen (46s.), Heidfeld (48s.), Räikkönen (51s.) et Panis (54s.).


38e: Räikkönen effectue un ravitaillement (11s.) et ressort devant Villeneuve. Marques passe aussi aux stands.


39e: Montoya double Fisichella en début de tour. Verstappen s'écarte devant le Colombien dans la seconde ligne droite, mais lorsqu'il reprend sa trajectoire, le Hollandais est comme surpris par le freinage de la Williams et l'emboutit par l'arrière-gauche. L'Arrows décolle légèrement et retombe sur le sable, tandis que Montoya, sans aileron arrière, échoue en tête-à-queue. Il tente de repartir mais ses suspensions sont détruites. Ainsi s'achève sa folle chevauchée. Heidfeld opère un ravitaillement.


40e: Le drapeau jaune est déployé dans la Curva do Lago pour évacuer les voitures de Montoya et Verstappen. Coulthard est le nouveau leader avec trente secondes d'avance sur M. Schumacher.


41e: Coulthard entre aux stands pour ravitailler (9.8s.) et parvient à ressortir un peu plus d'une seconde devant Schumacher.


42e: Fisichella effectue un ravitaillement et repart en dixième position, derrière Alesi.


43e: Le ciel s'obscurcit de plus en plus. Coulthard compte une seconde d'avance sur M. Schumacher. Frentzen observe ce qui doit être son unique pit-stop (10.6s.). R. Schumacher réalise le meilleur tour de la course (1'15''693''').


44e: Il pleut désormais sur la portion du lac. Trulli ravitaille (12.3s.). Il repart derrière son équipier Frentzen et laisse la troisième place à Panis.


45e: L'averse s'intensifie. Alesi, Fisichella, Button et Marques prennent des pneus pluie. Heidfeld chausse les pneus intermédiaires, et frôle la catastrophe lorsqu'il met les gaz alors que son tuyau de ravitaillement est encore branché ! Il stoppe toutefois aussitôt puis repart en ayant perdu seulement six secondes. R. Schumacher ravitaille et remet des slicks.


46e: Coulthard et Schumacher restent en piste pour le moment. Villeneuve arrive chez BAR pour mettre des pneus intermédiaires... qui ne sont pas encore sortis du stand ! Pis: Panis a été rappelé au même moment et se retrouve immobilisé derrière son équipier. Ce cafouillage s'éternise une bonne minute et les deux BAR dégringolent au classement. Panis repart 10e, Villeneuve 12e ! Frentzen et Trulli se succèdent chez Jordan afin de mettre les gommes « pluie ».


47e: M. Schumacher stoppe chez Ferrari, remet du carburant et opte pour les pneus intermédiaires (8s.). Coulthard demeure dehors mais c'est une erreur. La pluie tombe drue et l'Écossais roule sur des œufs. Il se fait « déposer » par Frentzen, relégué à un tour. Räikkönen, Mazzacane et R. Schumacher chaussent les pneus pluie.


48e: Coulthard s'arrête chez McLaren, remet du carburant et se saisit de pneus intermédiaires dans un arrêt-éclair (6s.). Mais il repart assez loin de Schumacher qui s'est arrêté au moment adéquat. Toutefois, l'Allemand met une roue sur la ligne blanche à la sortie de la Curva do Lago, glisse et exécute un demi-tête-à-queue. Il parvient habilement à rester sur le bitume, stoppe l'embardée et redémarre sans avoir perdu le commandement. Brièvement quatrième, Irvine chausse les pneus pluie.


49e: La piste est passablement détrempée. M. Schumacher devance Coulthard (1s.), Frentzen (55s.), Heidfeld (1m. 12s.), Trulli (1m. 15s.), Räikkönen (1m. 24s.), Irvine (1m. 25s.), Alesi (-1t.), Panis (-1t.) et Fisichella (-1t.).


50e: Coulthard semble nettement plus à l'aise que Schumacher. Les deux pilotes arrivent sur l'attardé Marques quand Coulthard déboîte Schumacher par l'intérieur sur la ligne de chronométrage. Au premier freinage, Marques ne bouge heureusement pas d'un pouce: Coulthard le double par la gauche, Schumacher par la droite. Le pilote écossais est en tête du Grand Prix. Trulli, en pneus pluie, double Heidfeld, en pneus mixtes. Mazzacane exécute un tête-à-queue sans conséquence.


51e: La pluie a cessé. Coulthard est nettement plus rapide que Schumacher et le repousse à deux secondes et demie.


52e: Alors sixième, Räikkönen exécute une pirouette et perd quatre places. Irvine hérite de la sixième position. En fin de tour, Coulthard mène devant M. Schumacher (3s.), Frentzen (1m. 01s.), Trulli (1m. 22s.), Heidfeld (1m. 27s.), Irvine (-1t.), Alesi (-1t.), Panis (-1t.), Fisichella (-1t.) et Räikkönen (-1t.). R. Schumacher repasse chez Williams pour un changement de réglages.


53e: M. Schumacher glisse sur la bordure à Ferradura et sort dans les graviers. Mais l'acrobate parvient à redresser sa Ferrari et se relance juste devant Irvine, à un tour. Surpris, l'Irlandais exécute un tête-à-queue, mais peut à repartir. Alesi hérite de la sixième place, mais Panis est sur ses talons.


54e: Le soleil point à l'horizon. Coulthard a maintenant quinze secondes d'avance sur M. Schumacher. Irvine glisse sur une flaque à la sortie de la Curva do Lago et pirouette dans la pelouse. Il cale ensuite son moteur et doit renoncer.


55e: Panis assaille hardiment Alesi par l'intérieur au virage n°8. L'Avignonnais garde la corde. Le Grenoblois touche le ponton droit de la Prost, esquisse un début de tête-à-queue, mais se rattrape avec brio et reste sur les talons de son compatriote. Mazzacane se gare dans une échappatoire avec un embrayage grillé. Les pompiers interviennent pour éteindre un début d'incendie sur sa voiture.


56e: En gommes mixtes, Panis prend l'ascendant sur Alesi et conquiert ainsi la sixième place.


57e: Räikkönen dérape entre les virages n°8 et 9 et s'enlise dans la pelouse. C'est l'abandon pour le jeune Finlandais.


58e: La piste commence à sécher. Coulthard précède M. Schumacher (18s.), Frentzen (1m. 05s.), Trulli (-1t.), Heidfeld (-1t.), Panis (-1t.), Alesi (-1t.), Fisichella (-1t.), Villeneuve (-1t.) et Marques (-2t.).


59e: Comme l'eau s'évapore, Schumacher, en pneus intermédiaires, est un peu plus rapide que Coulthard et revient à quinze secondes. Plus loin, Heidfeld, aussi en gommes mixtes, remonte très vite sur Trulli.


60e: R. Schumacher part en toupie à la sortie de la courbe du lac. La Williams revient en piste, mais avec un moteur calé. Le jeune Allemand abandonne sa machine hors trajectoire, mais sur le bitume. Les drapeaux jaunes sont agités pour la signaler.


61e: Heidfeld déborde Trulli au premier virage et s'empare de la quatrième place. Un véhicule entre sur le circuit pour tracter la Williams de R. Schumacher.


62e: Coulthard gagne quelques secondes sur Schumacher. Grâce à ses pneus intermédiaires, Panis remonte sur Trulli. Fisichella talonne Alesi qui se débat avec une très mauvaise tenue de route.


63e: Schumacher est un temps bloqué derrière Trulli: si la trajectoire s'assèche, le reste du bitume est encore très humide. L'Allemand se défait de l'Italien avec prudence, mais il concède maintenant 23 secondes à Coulthard.


65e: Le moteur de Frentzen coupe net après la courbe du lac. Le Rhénan se gare sur le bas-côté et Heidfeld hérite de la troisième place. Alesi revient dans les points, mais Fisichella est dans sa boîte. Le Français contre une attaque de l'Italien au premier virage.


66e: Fisichella dépasse Alesi par l'intérieur au virage n°8 et récupère le point de la sixième place.


67e: Coulthard mène devant M. Schumacher (24s.), Heidfeld (-1t.), Trulli (-1t.), Panis (-1t.), Fisichella (-1t.), Alesi (-1t.), Villeneuve (-1t.), Marques (-3t.) et Button (-6t.).


68e: Panis prend l'aspiration de Trulli dans la remontée vers les stands, puis le déborde par l'intérieur avant le S. Le pilote BAR est quatrième.


70e: Dix-sept secondes séparent Coulthard et Schumacher. Alesi va s'incliner devant Villeneuve dans le dernier tour.


71e et dernier tour: David Coulthard remporte son dixième Grand Prix. M. Schumacher finit deuxième. Heidfeld (3e) grimpe sur son premier podium. Panis se classe quatrième, Trulli cinquième. Fisichella (6e) ouvre le compteur de Benetton-Renault. Villeneuve, Alesi, Marques et Button rejoignent aussi l'arrivée.


Après la course: Coulthard vogue, Schumacher patauge, Montoya émerge

David Coulthard dédie sa victoire à sa jeune sœur Lesley, qui fête ses 24 ans ce 1er avril. Le natif de Twynholm est fier de ce beau succès. Il a profité d'une monoplace réglée et chaussée en vue d'une forte pluie pour doubler Michael Schumacher, et ce à la faveur du dépassement d'un retardataire. Cette manœuvre rappelle celle réalisée par Mika Häkkinen à Spa-Francorchamps voici quelques mois. Pour le reste, Coulthard fut impeccable sur le mouillé. « Je ne sais pas si j'aurais gagné sans la pluie, mais la victoire est là, et c'est l'essentiel, dit-il. Avant le départ, au dernier moment, nous avons effectué quelques retouches sur les réglages en prévision de la pluie. Cela a rendu la voiture assez difficile à conduire en début de course, mais compte tenu que j'étais sur une stratégie à un arrêt, tenir le bon rythme me convenait. Je pensais que Schumacher était sur la même stratégie. Mais je priais pour que la pluie arrive... Lorsqu'elle est tombée, nous avons attendu un tour pour passer en pneus pluie, afin de nous assurer que ce n'était pas une simple ondée passagère. Schumacher a gagné un peu de temps en s'arrêtant plus tôt, mais ensuite, la McLaren marchait du tonnerre. » Ce succès permet à McLaren d'oublier un début de saison délicat, même si les conditions météorologiques ne permettent pas d'en tirer un grand enseignement. Il faudra attendre Imola et Barcelone pour situer la MP4/16 face à la Ferrari et à la Williams-BMW. « Les modifications ont porté leurs fruits. Cette victoire n'est qu'un premier pas », assure Norbert Haug. Coulthard constate pour sa part qu'il ne compte que six points de retard sur Schumacher au championnat: « Chaque année, le vainqueur d'Interlagos devient champion du monde. Cette tradition me plaît ! » Cependant, sa joie contraste avec le désarroi de Mika Häkkinen qui n'a pas fait un mètre à cause d'un moteur calé. Le Finlandais n'affiche toujours qu'un tout petit point au compteur. 2001 ne semble pas devoir être son année...


La série de victoires de Michael Schumacher s'arrête donc à six unités. Sa deuxième place n'aurait toutefois rien de problématique si ses performances n'avaient pas brusquement faibli lorsque la pluie est arrivée. Le Regenmeister aurait-il eu un coup de mou ? Impensable. Il faut chercher du côté de la Ferrari. D'ailleurs, sitôt le damier présenté, Luca di Montezemolo a téléphoné à Jean Todt pour exiger des explications. « Ce fut une course étrange, admet le Français. Nous avons cru que la pluie serait notre alliée. Au contraire, la voiture fut beaucoup plus difficile à piloter, parce qu'elle était en partie programmée pour le sec. » Cette explication ne transpire pas la logique... Pourquoi choisir des réglages pour le sec alors que tous les météorologues annonçaient de la pluie ? « J'ai vraiment souhaité la pluie, commente Schumacher. C'était ma seule chance de repasser Coulthard. Mais quand elle est venue, rien n'a fonctionné. Je suis sorti deux fois, ce qui ne m'est pas habituel dans ce genre de situation. Mais la voiture n'était pas préparée pour ces circonstances. » Lorsqu'on lui demande de confirmer que sa Ferrari était bien réglée pour piste sèche, Schumacher s'agace: « Pourquoi ne posez-vous pas une autre question ? J'assume les choix de réglages, mais je ne veux pas rentrer dans les détails... »


Si Michael Schumacher est irrité, que dire de son équipier ? Pour la septième année consécutive (!), Rubens Barrichello ne termine pas son Grand Prix national. Celui-ci s'est achevé très vite, contre le train arrière de Ralf Schumacher. Contre toute évidence, le Pauliste dénie d'abord toute responsabilité et estime que le pilote Williams a freiné trop tôt. Voire lui a tendu un piège... Blême de colère, il se rend au garage Williams pour s'expliquer avec le second Schumacher, mais celui-ci refuse de le rencontrer. En revanche, le jeune Allemand, heurté deux fois en deux courses par ce même Barrichello, ne se prive pas de l'éreinter. Et cette fois, la presse brésilienne semble lâcher son chouchou. Le lendemain, ce dernier sera rebaptisé « Rambochello » par quelques titres. Nelson Piquet l'attaque méchamment: « Chez Ferrari, l'auto n'est pas un problème, mais Barrichello peut en devenir un. Il court comme un agité. Il a besoin d'un psychiatre. » L'intéressé finira par se calmer et présentera même ses excuses à Ralf Schumacher... qui les refusera.


L'homme du jour est cependant Juan Pablo Montoya. Le Colombien a prouvé qu'après avoir dominé la F3000 et l'IndyCar, il entendait bien régner à terme sur la Formule 1, quitte à bousculer le « Kaiser » ! Au « restart », procédure qu'il connaît bien en spécialiste des courses américaines, Montoya a réussi un dépassement très audacieux sur Schumacher, contrait de céder à son assaillant en mettant deux roues sur la poussière. Le pilote Ferrari n'est certes pas habitué à être bousculé de la sorte. Mais il se montre bon perdant: « Nous nous sommes touchés, il m'a poussé vers l'extérieur, mais c'est la course. Pas de problème. Ce dépassement est facilement explicable. Le problème ici, c'est la très longue ligne droite entre le dernier virage et la ligne de chronométrage. Il faut laisser de l'espace à la voiture de sécurité pour qu'elle quitte la piste, puis réaccélérer à fond. Il est donc très facile pour celui qui vous suit de se placer dans votre sillage et de déborder au dernier moment. Montoya n'avait qu'à freiner un peu plus tard que moi pour être en position de force à l'intérieur. C'est ce qu'il a réussi. » Toutefois, Montoya, fanfaron, croit bon d'envoyer une pique à son rival: « Je lui ai montré ce que c'était de dépasser à la régulière ! » Schumacher se renfrogne: « Une carrière ne se résume pas à un seul dépassement... S'il croit m'empêcher de dormir... »


Non seulement Juan Pablo Montoya a fait vaciller Schumacher, mais il était en outre en mesure de gagner dès son troisième Grand Prix. Hélas, il a croisé sur son chemin un Jos Verstappen maladroit... « Je suis évidemment déçu, mais ce fut une bonne course où j'ai pu montrer pas mal de choses, déclare le Colombien. La victoire était possible, d'autant que je ne devais m'arrêter qu'une fois. Quand Schumacher s'est arrêté, j'ai forcé le rythme pour creuser l'écart sur Coulthard. Puis je suis tombé sur Verstappen qui était en grande explication avec Fisichella. Dans la ligne droite, il a bougé vers la droite, je l'ai passé par la gauche. Au freinage, j'ai reçu un gros coup par l'arrière. Il a juste freiné trop tard ! Après un truc pareil, j'espère qu'il va venir s'excuser ! » Verstappen écopera de 15 000 dollars d'amende pour cette maladresse. D'autre part, la prestation de Montoya illustre le bond en avant effectué par la paire Williams-BMW, servie par d'excellents pneus Michelin. Pas de doute: Ferrari et McLaren ne sont plus seules au sommet de la F1. L'écurie de Sir Frank est de nouveau dans le coup. Il faudrait simplement que le postérieur de ses bolides cesse d'attirer tel un aimant le nez de la concurrence: en trois courses, les FW23 ont été percutées quatre fois par l'arrière ! « Se faire agresser de la sorte devient lassant ! explose Patrick Head. Le pire, c'est que les coupables blâment nos pilotes qui soi-disant freineraient trop tôt. Je parle de Barrichello qui a tout de suite accusé Ralf. Il devrait regarder les images ! Quant à Juan Pablo, il avait la course en main avec pas mal d'essence à bord. Jusqu'à ce qu'il tombe sur Verstappen... Lorsque quelqu'un vous prend un tour, vous devez rester en dehors de sa trajectoire ! » D'aucuns s'étonnent tout de même de cette succession d'incidents similaires impliquant les Williams. Mais nul élément ne permet de conclure à autre chose qu'un incroyable concours de circonstances.


Sauber flotte, BAR se noie, Benetton clapote

Nick Heidfeld donne à Sauber son premier podium depuis près de trois ans (avec Jean Alesi au GP de Belgique 1998). C'est un véritable événement pour l'écurie helvétique, peu habituée à telle réussite. Peter Sauber est si joyeux qu'il en oublie d'allumer son éternel cigare ! « Je me suis durement battu, raconte Heidfeld, notamment contre Trulli qui était en pneus pluie, ce qui lui a permis de me passer au plus fort de l'orage. Mais avec mes mixtes, j'ai pu le redoubler quand cela s'est calmé. » « Nous ne lui avons pas dicté ce choix, indique Peter Sauber. Nick nous informait de la situation en piste et nous l'avons laissé libre de sélectionner les pneus mixtes. C'est grâce à ce choix pertinent que nous récoltons ce podium. » Heidfeld ne compte pas s'arrêter en si bon chemin: « Nous allons avoir des améliorations à Imola. Ce ne sera pas facile de garder le contact avec les meilleurs, car leurs budgets leur permettront un plus large développement. Mais ce n'est pas une raison pour baisser les bras. Je n'en ai du reste pas l'intention: je prends trop de plaisir actuellement au volant ! » Après sa précédente saison chez Prost-Peugeot, on veut bien le croire...


Olivier Panis inscrit ses premiers points pour BAR, après sa malheureuse disqualification australienne. Le Grenoblois peut toutefois nourrir de vifs regrets: il a perdu un temps fou dans les stands derrière son équipier Jacques Villeneuve, alors qu'il avait toutes les chances de pouvoir finir au moins troisième. Il préfère néanmoins retenir ses superbes remontées et sa belle quatrième place: « Malchance en Australie, malchance en Malaisie, mais ici, cela a voulu enfin rigoler ! J'ai montré ce que je savais faire avec une bonne voiture dans les mains. Il y a eu ce couac dans les stands, mais cela peut arriver. Il faut qu'on en discute avec l'équipe pour que cela n'arrive plus. Je retiens ces trois points qui sont vraiment positifs. J'ai vraiment vécu le plus beau Grand Prix de ma carrière, avec une bagarre de tous les instants ! » Jacques Villeneuve est évidemment beaucoup moins content: « Cette pagaille était inadmissible ! Ce n'était pas normal que l'équipe ne soit pas prête dans un moment pareil. Cela me coûte de précieux points et un podium à Olivier ! » On est aussi en droit de se demander pourquoi BAR a rappelé en premier Villeneuve, alors 10e, au lieu de Panis qui était beaucoup mieux placé... Pire, BAR ne compte que trois points au compteur alors que sa rivale Jordan en a déjà grappillé sept... et en aurait amassé quatre de plus si le moteur d'Heinz-Harald Frentzen ne s'était pas tu peu avant l'arrivée.


Enfin, après un début de saison pour le moins malaisé, Benetton et Renault se satisfont de décrocher un bon point grâce à Giancarlo Fisichella. « Je suis heureux comme tout, lâche le Romain. Ce point, c'est comme si je l'avais gagné au Loto, comme si j'étais sur le podium. Et puis la bagarre avec Alesi à la fin fut sympa aussi. Il était en difficulté, mais avec son moteur Ferrari, il n'était pas facile de le doubler. Pour moi, ce point vaut de l'or. » L'exploit de Fisichella contraste avec la performance désastreuse de son jeune équipier Jenson Button, bon dernier avec de nombreux tours de retard. Révélation de l'an 2000, l'Anglais déçoit pour le moment beaucoup Flavio Briatore. Il est vrai aussi que, selon Button, la B201 est une « boîte à m**** » inconduisible...


Sources :

- Luc Domenjoz, L'année Formule 1 2001-02, Chronosports Editions, 2001

- Renaud de Laborderie, Le Livre d'or de la Formule 1 2001, Paris, Solar, 2001

- Sport auto, mai 2001

- Auto hebdo, 4 avril 2001

Tony
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