Qu’est-ce qu’un alexandrin ?

Alexandrie, Alexandra, ce tube de Claude François est bien connu, mais par une ironie du sort assez mordante, son texte n’est pas composé… d’alexandrins. De quoi ? Pas de panique, on vous explique tout.

Un genre de vers

Pour illustrer notre propos, citons un extrait des Fleurs du mal de Baudelaire :

« Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne,

Ô vase de tristesse, ô grande taciturne,

Et t’aime d’autant plus, belle, que tu me fuis,

Et que tu me parais, ornement de mes nuits,

Plus ironiquement accumuler les lieues

Qui séparent mes bras des immensités bleues. »

Comme vous le savez certainement (sinon, on vous l’expliquait ici), les vers sont les lignes qui composent un poème. Eh bien… un alexandrin, c’est chacun des vers qui composent ce poème. Mais attention : tous les vers ne sont pas des alexandrins.

12 x 1 = 12 + 2 x 6 = 12

Même si on parle de littérature, un peu de maths ne sauraient nuire. En poésie classique, chaque vers est formé de pieds, c’est-à-dire d’un nombre de syllabes constant.

Dans le texte de Baudelaire ci-dessus, vous pouvez compter : chaque vers comporte 12 syllabes. Par exemple :

• « Je / t’a/dore / à / l’é/gal / de / la / voû/te / noc/turne, »

En les récitant, vous constaterez en outre que chaque vers comporte une pause entre la sixième et la douzième syllabe (que l’on nomme un « hémistiche ») :

• « Je t’adore à l’égal / de la voûte nocturne, »

C’est en respectant ces deux règles (12 syllabes + une césure entre la sixième et la septième), que vous formerez un alexandrin. Ni plus ni moins.