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Introduction |
Cette rubrique aborde les différents domaines relatifs
aux drogues et à la toxicomanie :
- Drogue et toxicomanie (sur cette
page) introduit les définitions et le contexte historique.
- Usage et dépendance précise
les différents niveaux de consommation et leurs conséquences,
il aborde également la polyconsommation et le dopage.
- Famille et prévention
conseille sur l'attitude à observer face aux enfants et
adolescents pour prévenir l'usage de drogue et la toxicomanie.
- Famille et toxicomanie conseille
sur l'attitude à observer face à une personne qui
consomme de la drogue.
- Sortir de la toxicomanie indique
la démarche nécessaire pour y parvenir. Il explique
également le sujet de l'hospitalisation sous contrainte.
- La prise en charge décrit
le système français de prise en charge et d'aide
aux usagers de drogues et toxicomanes.
- Statistiques fournit des
statistiques générales de consommation des différents
produits.
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Définition des drogues |
Nous avons tous une vague idée de ce que sont les drogues
: "des produits, interdits pour la plupart, qui perturbent
le comportement et la santé et rendent dépendants".
Essayons d’être plus clairs :
L'Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies
(OFDT) propose la définition suivante pour le terme «
drogues » :
" produit psychoactif naturel ou synthétique,
utilisé par une personne en vue de modifier son état
de conscience ou daméliorer ses performances, ayant
un potentiel dusage nocif, dabus ou de dépendance
et dont lusage peut être légal ou non ".
L'Académie Nationale de Médecine, dans sa
séance du 28 novembre 2006, a adopté le texte
suivant :
" Substance naturelle ou de synthèse dont les
effets psychotropes suscitent des sensations apparentées
au plaisir, incitant à un usage répétitif qui
conduit à instaurer la permanence de cet effet et à
prévenir les troubles psychiques (dépendance psychique),
voire même physiques (dépendance physique), survenant
à l’arrêt de cette consommation qui, de ce fait,
s’est muée en besoin.
A un certain degré de ce besoin correspond un asservissement
(une addiction) à la substance ; le drogué ou toxicomane
concentre alors sur elle ses préoccupations, en négligeant
les conséquences sanitaires et sociales de sa consommation
compulsive. En aucun cas le mot drogue ne doit être utilisé
au sens de médicament ou de substance pharmacologiquement
active. "
Les drogues sont donc des substances d'origine naturelle
ou synthétique qui, lorsqu'elles sont absorbées, modifient
une ou plusieurs fonctions de l'organisme humain, particulièrement
l'activité mentale, les sensations et le comportement, ce
sont des "produits psychoactifs".
Elles provoquent des troubles physiques et psychiques.
Les drogues modifient la perception de la réalité
et la façon de réagir face à cette réalité.
Leur usage présente des dangers pour la santé et
le comportement social. Il peut entraîner des accidents
de toute nature. Il peut également conduire à la dépendance.
Leur usage peut être légal ou non. Selon l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS), l'alcool et le tabac sont des
drogues, ils répondent en effet à la définition
précédente. |
Classement des drogues |
Ces produits peuvent être classés selon leurs effets
ou leur dangerosité :
Classement
selon leurs effets :
Utilisés plus particulièrement par le milieu médical,
plusieurs classements des drogues, plus ou moins compliqués,
ont été élaborés au fil des décennies
en prenant en compte leurs effets sur le cerveau.
Pour notre part, nous avons adopté ici pour sa simplicité
la classification de Thuillier et Pelicier. Elle a été
élaborée en 1991 par Jean Thuillier, psychiatre et
pharmacien, et Yves Pelicier, médecin et professeur d'université.
Les produits sont classés en trois grandes catégories
selon leurs effets sur le cerveau :
- Les stimulants qui stimulent le fonctionnement du système
nerveux :
Tabac, Cocaïne, Crack, Médicaments stimulants (Amphétamines
et autres dopants), Ecstasy, GHB.
Ces produits favorisent temporairement un état d'éveil
et d'excitation et réduisent la fatigue. Ils induisent
un sentiment fallacieux d'assurance et de contrôle de soi.
L'effet est généralement suivi d'un état
d'épuisement et de dépression.
Ils conduisent fréquemment à la dépendance
psychique et peuvent induire, à forte dose, des conséquences
graves : paranoïa, dépression importante, fatigue
généralisée. Ils sont aussi la cause d’accidents
par surestimation de ses capacités.
- Les hallucinogènes ou perturbateurs qui perturbent
le fonctionnement du système nerveux :
Cannabis et produits dérivés, Produits volatils
(colles et solvants, anesthésiques volatils), Kétamine,
LSD, champignons hallucinogènes etc.
Ces produits provoquent une perturbation de la perception de l'environnement
et de la réalité : modifications de la perception
du temps et de l'espace, sensibilité exacerbée aux
couleurs et aux sons.
A long terme, ils peuvent modifier durablement la personnalité
du consommateur qui ne peut plus composer avec les éléments
de la réalité.
- Les dépresseurs qui ralentissent le fonctionnement
du système nerveux :
Alcool, Médicaments tranquillisants et somnifères
(Barbituriques, Benzodiazépines...), Opiacés (Héroïne,
Méthadone, Codéine, Morphine... ).
Ces produits entrainent une sensation de détente et de
rêve ainsi qu'une perte d'inhibition.
Ils conduisent fréquemment à la dépendance
physique et peuvent induire, à forte dose, des conséquences
graves (arrêt cardiaque ou respiratoire). Ils sont également
la cause de multiples accidents par perte de vigilance et de contrôle
de soi.
Classement
selon leur dangerosité :
Ce classement est plus particulièrement utilisé à
des fins juridiques.
La réglementation française classe les "substances
vénéneuses", selon l'article L.5132-1
du Code de la Santé Publique, en 4 catégories
en fonction de leur toxicité et de leur dangerosité
- Les substances stupéfiantes (morphine, cocaïne,
héroïne, cannabis, etc.)
- Les substances psychotropes (médicaments, antidépresseurs,
tranquillisants, hypnotiques, etc.)
- Les médicaments "inscrits sur les listes
I et II".
- Les substances dangereuses (éther, acides, etc.)
Ce classement reprend, pour une large part, les règles
du classement international fixées par les trois
conventions internationales de 1961, 1971 et 1988 sur le
contrôle des drogues, règles qui définissent
quatre listes de I (les plus dangereuses) à IV (les moins
dangereuses).
Les
stupéfiants sont les produits les plus toxiques.
La production, la distribution et l'usage de ces stupéfiants
sont sévèrement réglementés et, pour
certains d'entre eux, notamment l'héroïne, totalement
interdits.
Il y a sur la liste des stupéfiants plus de 170 plantes
et substances dont :
- les stupéfiants de la convention de 1961 : coca, opium,
cannabis et leurs dérivés (morphine, héroïne,
méthadone, cocaïne, résine de cannabis, etc
...).
- certains psychotropes de la convention de 1971 : hallucinogènes,
amphétamines, la MDMA (ecstasy), etc ...
- les champignons hallucinogènes, le khat, deux précurseurs
chimiques : le phénylacétone et l'acide lysergique
(précurseur du LSD).
- les nouvelles drogues de synthèse : MBDB, 4MTA, kétamine,
etc ...
Vous pouvez consulter dans nos dossiers => la
liste des stupéfiants.
Les
psychotropes correspondent aux substances de la convention
de 1971 non classées stupéfiants : benzodiazépine,
barbituriques, zalepone, zopiclone, etc ...
Vous pouvez consulter dans nos dossiers => la
liste des psychotropes.
Les
médicaments "inscrits sur les listes I et II"
sont définis par l'article L.5132-6 du Code de la Santé
Publique.
Ce sont des médicaments délivrables seulement
sur ordonnance et dont l'ordonnance est "non renouvelable"
(liste I) ou "renouvelable" (liste II).
Les substances dangereuses : Ce sont des substances,
destinées au commerce, à l'industrie ou à
l'agriculture, et classées par les ministères concernés
en huit sous-catégories : très toxiques, toxiques,
nocives, corrosives, irritantes, cancérogènes, tératogènes
ou mutagènes.
La répartition des substances au sein de ces quatre catégories
n'obéit à aucun critère générique,
elle est effectuée par arrêté du ministre de
la santé. Il n'existe ainsi pas une définition générale
du "stupéfiant", cette qualification se fait produit
par produit, en fonction du potentiel d'abus de la substance, de
son danger pour la santé et du niveau de contrôle que
l'on souhaite lui appliquer.
Les produits dopants relèvent d'une liste
spécifique, fixée par l'arrêté du 2 février
2000 des ministres des Sports et de la Santé, à partir
notamment de la liste officielle du Comité International
Olympique (CIO). |
Un peu d'histoire |
A
l'origine
Depuis des temps immémoriaux, les hommes ont utilisé
des produits naturels à des fins médicales. Ces produits,
autrefois appelés "drogues", correspondaient aux
médicaments d’aujourd’hui et, jusqu’au
19ème siècle, étaient vendus chez "le
droguiste" puis chez "l’apothicaire".
Ce fut le cas des feuilles de cannabis, de l’opium puis de
l’héroïne utilisée comme antitussif et
antalgique pour le traitement "héroïque" (au
sens d’énergique) de la tuberculose, de la coca utilisée
pour ses vertus stimulantes (les extraits de coca ont été
intégrés dans le Coca-Cola ™ jusqu’en
1906), de la cocaïne utilisée à la fin du 19ème
siècle comme anesthésique local en chirurgie de l’œil
ou en ORL, ou plus couramment du tabac, utilisé aux 16ème
et 17ème siècles pour guérir les plaies, ou
de l’alcool utilisé pour désinfecter.
Certains de ces produits, qui modifient l’état de
conscience, étaient et sont encore utilisés dans certains
pays à des fins religieuses ou initiatiques pour entrer en
contact avec les esprits.
Ces produits ont certainement de tous temps été détournés
de leur usage médical ou religieux, à commencer par
l’alcool qui depuis les temps bibliques sert à s’enivrer.
Remarquons que le mot "toxicomanie" qui évoque
un usage détourné et socialement réprouvé
de ces produits n’est apparu qu’à la fin du 19ème
siècle, montrant ainsi une prise de conscience par la société
des dangers de ces produits et l’apparition d’un véritable
phénomène social.
Au cours du 20ème siècle, le mot "drogue"
a été utilisé plus particulièrement
pour désigner les substances illicites.
Cependant, le développement de la consommation de ces substances
est un phénomène social récent. Si l’usage
d’opium, développé dans les colonies d’Asie,
restait confidentiel en Europe pendant la première moitié
du 20ème siècle, l’usage du cannabis et du LSD
par le mouvement psychédélique et les jeunes «
baba cool » s’est développé dans la décennie
1960-1970.
Pendant la décennie 1970-1980, c’est l’usage
de l’héroïne qui s’est particulièrement
développé.
Depuis les années 1980, le phénomène a explosé,
particulièrement parmi les jeunes, avec l’usage du
cannabis, de la cocaïne ou de l’ecstasy dans toutes les
couches de la société, de la campagne à la
ville, de la banlieue "difficile" aux quartiers les plus
chics.
A l’aube du 21ème siècle, même si l’alcool
reste la drogue la plus consommée, l’usage de cannabis
et la diversification des drogues utilisées sont devenus
particulièrement préoccupants.
Les
premires mesures
La première coopération internationale pour le contrôle
des stupéfiants eut lieu en 1909, à la commission
de l'opium de Shanghai, réunissant 13 pays, dont la France.
Cette commission adopta plusieurs résolutions afin de supprimer
totalement la production et la consommation de l'opium. Elle fut
à l’origine de la première convention internationale
de l'opium à La-Haye en 1912.
Dès 1916, la France se dotait d'une réglementation
visant à prévenir et à réprimer les
ravages causés par certains stupéfiants.
Les
conventions internationales
Comme nous venons de le voir, la consommation de drogues s’aggrave
dans la seconde moitié du 20ème siècle. Pour
lutter contre ce phénomène, plusieurs conventions
sont organisées sous l'égide des Nations Unies (ONU)
:
- 1961 : la convention unique sur les stupéfiants, amendée
par un protocole en 1972.
- 1971 : la convention sur les substances psychotropes.
- 1988 : la convention contre le trafic illicite de stupéfiants
et de substances psychotropes.
Ces conventions interdisent la production, le commerce, la détention
et l'usage des drogues, excepté à des fins médicales.
Au 1er novembre 2002, 179 pays avaient ratifié la convention
de 1961, 172 celle de 1971 et 166 celle 1988.
Les pays signataires de ces conventions sont tenus de les traduire
dans leur droit national. La France les a traduites dans la loi
du 31 décembre 1970. Cette loi a été plusieurs
fois actualisée depuis.
Aujourd’hui, la lutte contre la toxicomanie et le trafic
des stupéfiants est un thème pris en charge au sein
des instances de l'Union Européenne.
Enfin, certains composants sont nécessaires pour la fabrication
des produits stupéfiants, ils sont nommés "produits
précurseurs". Un système de surveillance et de
contrôle du transit de ces composants a été
institué pour éviter leur utilisation par les trafiquants.
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